mercredi 16 avril 2008

VIVRES DE SOUDURE POUR LE MONDE RURAL: Les paysans évaluent les besoins à 83 milliards Cfa


A Thiès, le Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (Cncr) revient sur l’assistance promise au monde rural par l’Etat. Le Cncr redit sa conviction par rapport à l’insuffisance de l’enveloppe de 10 milliards dégagée par l’Etat et demande 83 milliards de F Cfa pour couvrir les besoins des paysans.
"Si l’Etat pense effectivement qu’avec 10 milliards de francs Cfa, on peut soulager le monde paysan, il se trompe lourdement", signale le Conseil national de concertation et de coopération des ruraux. Dans le contexte actuel de période de soudure très aiguë, l’organisation paysanne estime que seule une enveloppe de 83 milliards de F Cfa pourrait sortir les ruraux de la situation dans laquelle ils se débattent. « En 2003, l’Etat avait octroyé 10 milliards pour les hommes et pour le cheptel, 5 milliards. Cette année, pour les hommes et le cheptel, c’est 10 milliards. Voilà pourquoi le Cncr a estimé que ce geste est largement insuffisant et qu’il faudrait véritablement, selon nos estimations, 60 milliards de F Cfa pour pouvoir prendre en charge les hommes pendant cinq à six mois. Il faut environ 23 milliards pour prendre le bétail en charge », évalue Baba Ngom, Secrétaire général du Cncr.
Pour le patron des ruraux, il s’agit non seulement d’assister les paysans avec des vivres de soudure ou des aliments de bétail, mais aussi de définir avec l’ensemble des acteurs qui gravitent autour de l’agriculture en général une politique agricole fiable et viable. « Il faudrait aussi que l’Etat s’asseye avec les acteurs pertinents, pour qu’on définisse une politique agricole pour notre pays qui mette en exergue la maîtrise de l’eau, la maîtrise des terres, du foncier et aussi la maîtrise technique pour une bonne production », précise Baba Ngom.
Le Secrétaire général du Cncr pense qu’au-delà de toutes ces mesures, l’Etat doit reprendre le dialogue avec les paysans. Car, depuis 2000, se désole-t-il, le gouvernement a complètement rompu les amarres avec le Cncr et depuis lors, le résultat est là, constate Baba Ngom.
Face au renchérissement des prix des denrées ainsi qu’à la mauvaise campagne agricole, les risques de famine dans le monde rural ont poussé le gouvernement à allouer une enveloppe de 10 milliards à l’assistance aux paysans. Une enveloppe que d’autres que le Cncr ont déjà jugé insuffisante, sans compter les risques de détournement qui peuvent survenir avant qu’elle n’arrive à ses véritables destinataires. Le Président Wade a, à ce sujet, instruit le Premier ministre à veiller à la transparence dans la distribution des vivres allouées par l’Etat au monde rural.

Aucun commentaire: