jeudi 24 avril 2008

NÉGOCIATIONS SYNDICATS-PATRONATS-GOUVERNEMENT: Quatre heures de débat pour rien


La rencontre tripartites patronat syndicats et gouvernement qui a eu lieu hier merci au Building administratif n’a pas donné les résultats qu’on attendait d’elle. Elle n’aura d’ailleurs pas servi à grand-chose, selon certains membres de syndicats présents à la réunion. Après quatre heures de discussions, les différentes parties se sont opposées sur les questions d’augmentation de salaires et plusieurs sources de blocage pour ce qui est des propositions faites par les syndicats.
L’examen des rapports des commissions tripartites patronats , centrales syndicales des travailleurs et gouvernement a accouché d’une souris. Cet échec des négociations des trois entités trouvent son origine autour de deux faits : d’une part, au niveau du patronat et des centrales syndicales des travailleurs et d’autre part, entre les centrales syndicales. Selon Mansour Kama, Président de la Confédération Nationale des Employeurs du Sénégal (Cnes), une commission a été érigée pour qu’elle puisse rendre son rapport et ceci n’a pas été fait.
Le patronat juge ainsi la question de l’augmentation des salaires comme une solution quasiment impossible pour l’instant. Ce qui lui fait dire que, « Dans le séquentiel de la négociation, il était entendu que une commission technique devait livrer un rapport. Malheureusement , la commission ne sait pas réunie et les travailleurs voulaient que la question des salaires soit débattue. Par contre, le patronat veut que cette fois que les négociations se fassent secteur d’activité. »
Toujours, sur la même lancée M. Kama a affirmé que cette décision d’augmentation sectorielle des salaires a été émise à la suite d’enquêtes. « A la suite d’enquêtes dans nos entreprises, elles sont techniquement en mesure d’opérer d’augmentation de salaire alors que d’autres ne le sont pas. » Les syndicats de travailleurs ne l’entendent pas de cette oreille et ont opposé un niet catégorique, demandant d’abord, des baisses sur la fiscalité des salaires et sur le prix des denrées de première nécessité. Leur conclusion est la suivante : « Le travail des commissions ne nous satisfait pas et il va falloir que le gouvernement fasse davantage d’effort sur la fiscalité et sur les denrées de première nécessité. » Nous leur avons demandé 10 à 30 milliards de réductions sur la fiscalité sur les salaires », a ajouté Cheikh Ndiaye du Front Unitaire qui regroupe quelques 14 centrales.
Pour l’intersyndicale des syndicats, qui ne sont pas membres du Front unitaire, « rien de concret n’été tiré de cette rencontre. » Elle ainsi les propositions du front unitaire faites à l’endroit du patronat. Ce qui fait dire à l’un de ses responsables, « on a fait une sortie de conversation dans laquelle nous avons harmonisé nos positions. On s’attendait à ce qu’on se concerte à nouveau avant de donner des propositions ce que n’a pas fait les camarades du Front Unitaire et nous le déplorons. »
Innocence Ntab Ndiaye, ministre de la Fonction Publique de souligner que « l’Etat a déjà sa partition avec le dégagement de 6 milliards de francs. Et nous continuerons à arbitrer cette rencontre » Il faut noter également que les parties en négociation se sont quittées sans résultats. Une prochaine réunion sera programmée dans les prochains jours.

« L’Inde va nous fournir 600 000 tonnes de riz par an », dixit Wade


600 000 tonnes de riz par an et pendant six ans. C’est ce que l’Inde a décidé de donner au Sénégal comme réponse aux problèmes alimentaires que connaît le pays. La révélation a été faite par le président de la République, Me Abdoulaye Wade hier, à l’ouverture du Conseil national de développement des collectivités locales, tenu au Méridien Président. Cependant, le Chef de l’Etat n’a pas annoncé la date de démarrage de l’opération.
Le gouvernement de l’Inde serait prêt à fournir à l’Etat du Sénégal 600 000 tonnes de riz chaque année et cela pendant six ans. L’annonce a été faite hier, mercredi 23 avril, par le président de la République, Me Abdoulaye, à l’ouverture du Conseil national de développement des collectivités locales qui s’est tenu au Méridien Président. « Ce matin (ndlr, hier mercredi) j’ai reçu un message du Premier ministre de l’Inde qui m’a dit qu’il va fournir au Sénégal tous ses besoins en riz, c’est-à-dire, 600.000 tonnes par an pendant six ans », rapporte-t-il. Le Chef de l’Etat, qui a promis de réduire le prix du kilogramme de riz, soutient que les services de notre Armée seront sollicités pour l’acheminement de cette denrée à l’intérieur du pays. Et Me Wade égale à lui-même, interpelle son Premier ministre, Hadjibou Soumaré absent de la rencontre, en demandant à ce dernier de « surveiller les débarquements ».
En attendant ce moment, les spéculateurs ont eux, intérêt à se tenir prêts, car l’Etat a promis de sévir contre les commerçants véreux qui augmentent à leur guise le prix du riz.
Et selon Me Wade, l’Inde qui avait pris la décision de ne plus produire de riz destiné à l’exportation, serait aujourd’hui prêt à le faire pour son pays frère, le Sénégal. « J’ai choisi six ans, parce que, parallèlement, nous voulons développer notre production », a précisé le Chef de l’Etat.
Le président de la République qui a « apporté » une « bonne nouvelle » au monde rural, n’a avancé aucune date quant au démarrage de l’opération. Quand est-ce que les 600 000 tonnes de riz vont démarquer au Port de Dakar ? Comment se fera la répartition ? A combien le Kilogramme sera vendu ?
Aucune réponse n’a été apportée à ces interrogations par le « Père noël ». Me Wade a plutôt déclaré que l’Etat du Sénégal a décidé d’importer 50 000 tonnes de riz par mois et d’acheminer le riz dans les coins les plus reculés du pays. Le chef de l’Etat a rassuré qu’il n’y aura pas de famine au Sénégal. Par ailleurs, Me Wade a salué l’engouement autour de sa Grande offensive agricole pour la nourriture et l’abondance (Goana).
« Je suis heureux de constater l’engouement des ministres, des chefs religieux, tout le monde demande des terres, pour aller cultiver. Cela ne s’est jamais produit au Sénégal », dit-il, avant de lancer à l’endroit des représentants des collectivités locales : « C’est de vous que relève la compétence de distribuer les terres, soyez généreux ».
Il a profité de cette tribune pour répondre à ses détracteurs : « Je pense que sur cette terre aujourd’hui, il n’y a pas de place pour ceux qui ne sont pas ambitieux. L’ambition n’est pas la prétention. Le reste relève de Dieu », dit-il. Me Wade a promis de soutenir et de donner les moyens aux élus .

« AU SENEGAL, IL Y A UNE DETERIORATION DE LA SECURITE ALIMENATIRE », annonce le PAM



Par El Hadji Gorgui Wade NDOYE (ContinentPremier.Com)

GENEVE- Dans cette interview exclusive, Christiane Berthiaume, porte parole du PAM, confirme les propos du Président Wade qu’ « il n’y a pas de famine au Sénégal », mais elle constate une situation « de détérioration de la sécurité alimentaire ». Face à cette crise de niveau mondial, le PAM recommande un retour à l’agriculture et se dit prêt à soutenir les pays qui s’engageront dans cette voie. A court terme, l’organisation onusienne a lancé des filets de sécurité sociale, surtout pour les plus fragiles : les enfants, les mères enceintes et allaitantes. En collaboration avec l’UNICEF, le PAM veut garder les enfants à l’école. L’organisation nourrit plus de 20 millions d’enfants dans les écoles des pays pauvres.


Le président Abdoulaye Wade a déclaré que la presse fait du « sensationnalisme » en évoquant la « famine » ou « les émeutes de la faim ». Pour lui, il n’y a ni famine ni émeute au Sénégal. Que dit le PAM ?


« Il n’y a effectivement pas de famine au Sénégal, mais une situation qui doit être suivie de près pour les plus vulnérables, en particulier les femmes enceintes et allaitantes et les enfants, avec une période de soudure qui s’annonce plus difficile que les années précédentes et une détérioration de la sécurité alimentaire, en raison de récoltes moins bonnes dues à une faible pluviométrie, comme le souligne les autorités sénégalaises. Le Sénégal dépendant fortement des importations pour les céréales, la hausse des prix a eu un impact sur la vulnérabilité des plus faibles. Le gouvernement a annoncé des réformes de long terme et de court terme et cela doit être salué. Le PAM, pour sa part, travaille avec le gouvernement sénégalais dans le cadre de ses programmes d’action déjà existants dans le pays. »


Mme Berthiaume, le PAM a déclaré vendredi que la hausse des prix constitue son plus grand défi durant ces 40 dernières années. Peut-on en savoir les raisons ?


« L’augmentation vertigineuse des prix des céréales ainsi que du pétrole a un impact considérable sur deux aspects particuliers de la mission du PAM. D’abord, un impact financier important sur les activités du PAM qui vient en aide à 73 millions de personnes, parmi les plus vulnérables au monde : des réfugiés, des personnes déplacées par la guerre ou par les catastrophes naturelles, qui vivent dans des camps et dépendent de l’aide alimentaire du PAM pour survivre. En raison de l’envolée des prix, les coûts du PAM destinés à l’achat et au transport des secours alimentaires ont augmenté de 55% depuis juin dernier. Le PAM a dû réévaluer à la hausse son budget initialement prévu pour 2008 et demander un surplus de 756 millions de dollars. Ce montant est provisoire. Car il ne tient pas compte d’une éventuelle crise qui pourrait éclater dans le monde ; un autre conflit, une autre catastrophe naturelle dont les victimes auraient besoin de notre aide. Qui plus est, l’envolée des prix va entraîner dans la faim d’autres victimes, ceux qui vivent déjà sur le fil du rasoir dans les pays pauvres, qui dépensent déjà jusqu’à 70% de leur budget pour se procurer de la nourriture et qui ne peuvent absorber le choc d’une autre augmentation sans devoir retirer les enfants des écoles pour les mettre sur le marché du travail, réduire la qualité de leur alimentation et même le nombre de repas par jour. La Banque Mondiale estime que la crise actuelle menace 100 millions de personnes. Des milliers d’entre elles pourraient avoir besoin de notre aide. Le PAM doit faire face à un défi jamais connu : la faim a maintenant un nouveau visage. Le PAM intervient traditionnellement dans des situations où il y a absence de nourriture : pour venir en aide aux réfugiés et personnes déplacées qui ont fui la guerre ou une catastrophe naturelle et qui se retrouvent dans des camps sans opportunités de travail, ni de terres à cultiver. Or, à cause de la flambée des prix, il y aura des vivres sur les étagères des épiceries, ou encore dans les marchés, mais les plus pauvres n’auront pas les ressources financières pour se les procurer. Le problème de la faim a pris une dimension complètement nouvelle et différente de celle que l’on a connue à ce jour en raison de la crise mondiale actuelle de l’alimentation. Les réponses doivent être différentes et concluantes. »


Quelle est votre stratégie pour faire face à la situation ?


« Il faut d’abord répondre à l’urgence et faire en sorte que les 73 millions de personnes à qui nous venons en aide à travers le monde aient de quoi se nourrir, sans cela nous nous retrouverions au milieu de l’été avec de déchirantes décisions à prendre : soit réduire le nombre des bénéficiaires ou réduire les rations alimentaires. Mais nous sommes confiants. Les pays donateurs vont venir à notre secours. Ils sont conscients du problème et préoccupés par les conséquences possibles. A court terme, il s’agit pour le PAM de soutenir ou encore aider à mettre en place, dans les pays les plus touchés, des filets de sécurité sociale, surtout pour les plus fragiles : les enfants, les mères enceintes et allaitantes. Il faut aussi faire en sorte de garder les enfants à l’école avec des programmes l’alimentation scolaire (le PAM nourrit plus de 20 millions d’enfants dans les écoles des pays pauvres) et même élargir ces programmes qui pourraient servir de centre pour toute intervention nutrionnelle nécessaire. A long terme, c’est toute la politique de développement agricole qui est à revoir. Devant les avancées des nouvelles technologies, la course dans l’espace, l’internet, etc...
L’agriculture a été pendant trop d’années le parent pauvre du développement. Cette crise va peut-être redonner ses lettres de noblesse à l’agriculture. C’est à souhaiter, car sans nourriture, rien ne peut s’accomplir ; aucun développement n’est possible. Nous disposons de suffisamment de terres arables dans le monde pour nourrir tous les habitants de la planète. Or, de nombreux pays n’ont pas développé leur potentiel agricole. Le continent africain est l’exemple le plus frappant. La moitié de ceux qui ont faim en Afrique sont des fermiers. Certes, les pays africains auront besoin d’aide internationale, mais ils devront également en faire leur priorité et respecter les engagements pris par le NEPAD et l’Union africaine de consacrer 10% de leurs revenus au développement agricole. Près de 80% des employés en Afrique travaillent dans le secteur agricole. Pour sa part, le PAM est prêt à soutenir les politiques de réforme et à mettre son savoir-faire et ses soutiens techniques à la disposition des gouvernements qui s’engageront dans des programmes de développement agricole.
Simultanément, le PAM va continuer et augmenter ses achats locaux et mettre en oeuvre ce que l’organisation appelle « la solution 80/80/80 » : 80% des achats de denrées alimentaires dans les pays en développement afin d’aider l’économie de ces pays, 80% du transport assuré par des compagnies locales pour encore une fois aider l’économie locale et transférer un savoir-faire et 80% des employés engagés localement pour que ceux-ci puissent continuer le travail une fois que nous serons partis.


Qu’attendez- vous concrètement de la Communauté internationale ?


« Une crise de cette ampleur demande une réponse concertée de la part de tous : gouvernements, agence des Nations Unies, organisations non gouvernementales, secteur privé, citoyens du monde, etc.... A crise mondiale, il faut une réponse globale. Il faut s’attaquer une fois pour toute à la racine du problème. »

MAISON D’ARRET DE DAKAR: La prison de Rebeuss loin des normes avec 1499 prisonnsiers


Le régisseur de la maison d’arrêt de Rebeuss, Diadji Ndiaye a déclaré que 1499 détenus dont 865 étrangers sont incarcérés, à la date du 22 avril 2008. Lors de la visite de contact ce mercredi du tout nouveau ministre de Justice Me Madické Niang, le régisseur du pénitencier a également indiqué que ce nombre avoisine le double de la capacité de cette maison d’arrêt dont la capacité théorique est de 800 détenus.
« Sur un effectif théorique de 800 détenus, la maison de Rebeuss compte aujourd’hui une population carcérale de 1499 personne. Presque le double de l’effectif normal », a déclaré M. Ndiaye. Communément appelé "100 mètres carrés" pour ses dimensions, la prison a été construite en 1925, et compte 43 dortoirs de dimension assez variables répartis en six secteurs.
Le régisseur a aussi révélé que parmi les établissements pénitencier seuls deux ont été construits pour accueillir des détenus. Il a ajouté qu’au cours de l’année 2007, 10 940 personnes ont été placées sous mandat de dépôt.
Le colonel Cheikh Tidiane Mbaye, directeur de l’administration pénitentiaire a évoqué avec le ministre de la justice le manque d’équipements, le déficit en personnel entre autres. Selon M. MBaye, le Sénégal compte un surveillant pour huit détenus alors que la norme internationale est d’un agent pour deux détenus.
Soulignant les efforts du pouvoir depuis 2000 qui a presque doublé le personnel en recrutement massivement, il a invité le gouvernement à poursuivre cette politique. M. Mbaye a indiqué qu’entre 2009 et 2010, la moitié du personnel va partir à la retraite. Le directeur de l’administration pénitentiaire a déploré aussi le manque d’équipement en arme de ses hommes. « C’est là où le bât blesse », a dit M. Ndiaye qui a affirmé que les agents pénitentiaires utilisent un matériel dépassé.
Me Madické Niang a promis d’améliorer les conditions de vie et de travail des agents de l’administration pénitentiaire. Il s’est aussi engagé à améliorer l’existent tout en réaffirmant la volonté du gouvernement de construire de nouvelles prisons qui répondent aux normes dans ce domaine. « En tant qu’acteur de la justice, j’ai vécu ces problèmes. Je vais m’employer à les résoudre », a dit le ministre de la Justice.

SENEGAL-FIXATION DES PRIX DU RIZ: L’Unacois dénonce l’unilatéralisme du gouvernement


Les prix du riz ont été stabilisés, par décret du gouvernement pour contrer la flambée qui affecte les produits de grande consommation. Une décision unilatérale, estime l’Union nationale des commerçants et industriels du Sénégal (Unacois-jappoo) qui réclame une réflexion plus poussée sur les procédures de fixation des prix et surtout l’implication de tous les acteurs.
Selon Ousmane Sy Ndiaye, Secrétaire permanent de l’Unacois-jappoo, il est très difficile de maîtriser le coût du riz au plan mondial. Il y ajoute les difficultés rencontrées par les siens sur la gestion de la problématique par le gouvernement, se plaignant de ne pas être associée à la fixation des prix de la céréale.
« La procédure de fixation du prix du kilo n’a pas associé l’ensemble des intervenants de la filière. C’est une chose de consulter les importateurs, mais c’est davantage plus important aussi d’associer largement les distributeurs et les grossistes. C’est à cette condition que nous aurons un sentiment global qui traduit un tout petit peu la réalité de la filière et en ce moment, nous aurons peut-être une décision qui pourrait éventuellement être respectée par la majorité des acteurs », soutient le Secrétaire permanent de l’Unacois-Jappoo.
A la question de savoir si les commerçants regroupés au sein de cette organisation adhèrent à cette nouvelle grille de prix fixée par le gouvernement, M. Ndiaye Sy rétorque que « naturellement il va être très compliqué de le remettre en cause. D’abord parce que l’information est déjà partie. Mais ce qui est important, c’est un peu de réajuster et de recentrer l’ensemble des activités, que ce soit l’intervention du gouvernement ou l’intervention des commerçants ».
Il soulève en outre des questions liées à la durée de vie des prix, la prise en compte des stocks disponibles.
Début avril, l’Unacois-Jappo avait appelé l’Etat à lever les protections sur certains produits de consommation courante comme l’huile, le sucre, au cours d’un point de presse, ce jeudi, à Dakar pour permettre de soulager un peu les populations face à la tendance haussière des denrées de première nécessité.
« La hausse de 52 % de taxes de protection sur les autres produits de consommation courante ne facilite pas la vie des aux Sénégalais », avait déclaré Moustapha Lô, coordonnateur de ladite organisation, chargé de la communication. Ces commerçants avaient également demandé à l’Etat de baisser les droits de douane sur les denrées de première nécessité à défaut d’y renoncer. Ils avaient noté que d’ici trois mois, le marché national sera correctement approvisionné en riz, grâce, disent-ils, à leurs connaissances de la filière, que le kilogramme ne pourrait pas coûter moins de 280 francs pour le riz parfumé et 290 francs pour le riz parfumé. Au-delà de trois mois, avaient-t-ils prévenu, les Sénégalais doivent s’attendre à acheter ce riz entre 450 francs et 500 francs.
Le 11 avril dernier, le gouvernement a décidé de fixer par décret le prix du riz standard (riz brisé consommé par la majorité des Sénégalais) à 260 FCFA le kilogramme.

APRES LES CRITIQUES DE WADE CONTRE LA FAO: Cinglante réplique de Jacques Diouf à Wade


Le directeur général de la FAO n’a pas du tout apprécié les attaques de Me Wade contre son organisation. Lors du lancement de la Grande offensive agricole pour la nourriture et l’abondance (Goana), le chef de l’Etat sénégalais avait déclaré qu’il était inadmissible que la FAO prélève 20% sur l’aide alimentaire. Il avait aussi ajouté que la FAO ne devait pas se transformer en main tendue de l’Afrique pour recevoir de la pitance.
En conférence de presse ce matin à Paris, pour se prononcer sur la crise alimentaire qui secoue actuellement le monde, Jacques Diouf n’a pas manqué d’apporter un cinglant démenti à Me Wade. Dans la déclaration du directeur général de la FAO dont la radio Océan FM et Sud FM (radios emettant à Dakar) ont diffusé un extrait à midi, on peut noter ces précisions : "Premièrement, pour ce qui est de l’aide alimentaire ce n’est pas la Fao qui s’en occupe, mais le Programme alimentaire mondial. Deuxièmement pour le budget de la Fao, ce sont les Etats membres qui contribuent à hauteur de 960 millions de dollars. Naturellement pour les 20% je ne sais pas où est-ce qu’il (Ndlr, Wade) est allé chercher ce chiffre".
Selon Jacques Diouf, "ce n’est pas à s’attaquant à la FAO et aux Ong qu’on va régler les problèmes du Sénégal. Et c’est étonnant que de tous les 190 chefs d’Etat, il n’y a que lui qui ait tenu de tels propos".
Le directeur général de l’agence technique onusienne a rappelé, par ailleurs, que lorsque la Fao avait lancé un appel à l’aide internationale, elle avait d’abord contribué à hauteur de 17 millions de dollars sur ses ressources propres. L’organisation internationale n’avait pas demandé que l’aide passe par elle, mais c’était aux donateurs de choisir leurs canaux pour faire parvenir cette aide, a-t-il poursuivi.
En ce qui concerne le fonctionnement de la FAO, Jacques Diouf rappelle que ce sont les 190 pays membres et l’Union européenne qui définissent les règles.
M. Diouf n’a pas manqué d’évoquer les "véritables causes" de la crise alimentaire qui secoue le monde en général et particulièrement des pays pauvres et endettés comme le Sénégal. Il relève que seuls 7% des terres arables sont irriguées en Afrique. Le directeur général de la Fao regrette dans la même veine que des Etats comme le Sénégal n’aient "pas assez investi dans les routes rurales pour permettre que les produits agricoles aillent à l’intérieur des pays". Il n’y a pas non plus eu assez d’investissements pour "l’acquisition de moyens de stockages des produits agricoles", "pas de réflexions poussées sur les moyens de pénétrer les marchés dans le monde", "pas de politique de maîtrise de l’environnement économico-fiscal" et enfin une absence de coordination de toutes ces facettes du même problème, a énuméré Jacques Diouf.
Jacques Diouf a été ministre de la recherche scientifique au Sénégal sous la présidence de Abdou Diouf. Il a été également secrétaire général de la BCEAO durant 8 mois et directeur général de l’Agrao. Né au Sénégal, il a fait ses études en France, notamment à l’École nationale d’agriculture de Grignon-Paris.

INFLATION ET CRISE SOCIALE AU SENEGAL: Manifestations tous azimuts cette semaine


L’opposition entend manifester samedi contre la cherté de la vie. Les jeunes du « Front Siggil Sénégal » eux battent finalement le macadam ce 26 avril, après plusieurs reports. Barthélemy Dias et ses camarades ont avisé l’autorité à travers une lettre d’information, mais disent n’attendre aucune autorisation pour passer à l’acte, puisque exerçant un droit constitutionnel. Dimanche, ce sera au tour de Diourbel de prendre le relais, alors que ce mercredi, les travailleurs de la Fgts ouvre le bal à Dakar.
Barthélemy Dias et compagnie vont marcher de la Rts à la Place de l’Obélisque pour dire non à la vie chère, entre autre griefs. « La marche du 15 avril avait été autorisée par les autorités et nous ne voyons pas de raisons pour lesquelles cette marche de ce samedi 26 avril ne sera pas autorisée », indique le jeune responsable socialiste.
Il précise que lui et ses camarades se sont acquittés des formalités administratives et ont accepté de prendre l’itinéraire proposé l’autorité étatique. « Donc cette marche, nous avons bon espoir de pouvoir la tenir, samedi le 26 », dit M. Dias. Et si la marche était interdite ? « Je dis encore une fois que nous n’attendons pas une autorisation de qui que ce soit. Nous attendons des autorités un accord, parce que l’autorisation, nous l’avons déjà, à travers la constitution du Sénégal », martèle le coordonnateur des jeunes du « Front Siggil Sénégal ».
Barthélemy Dias a expliqué que c’est une marche pour « manifester contre la cherté de la vie, pour exiger un audit de l’Agence nationale pour l’Organisation de la conférence islamique (Anoci), pour exiger une augmentation de l’aide gouvernementale au monde rural qui est actuellement en détresse et finalement pour manifester contre le report des élections locales ».
Le lendemain, dimanche, ce sera au tour de l’opposition de Diourbel. Une marche de protestation initiée pour les mêmes motifs. Une lettre d’information a été déposée auprès du préfet de Diourbel, confirme Abdourahmane Wane, président du comité d’organisation. « Nous pensons qu’il existe des solutions et que le gouvernement tarde à régler ces problèmes. Donc la situation est devenue insupportable pour nous et pour toute la population. C’est pour cela que nous appelons justement ces populations à venir massivement manifester avec nous pour que le gouvernement, le président de la République puisse prendre en charge véritablement ces problèmes. Il existe des solutions et, de manière urgente, c’est diminuer le train de vie de l’Etat au profit des populations les plus démunies », égrène le responsable diourbellois.
M. Wane est aussi optimiste sur la tenue de la manifestation. « Je crois que le préfet ne va pas interdire la marche, parce que nous l’avons déposée en bonne et due forme et nous pensons que la constitution nous permet de marcher. Donc il prendra ses dispositions pour encadrer la marche », observe-t-il.
Pour sa part, la Fédération générale des travailleurs du Sénégal (Fgts) va, elle, battre le macadam ce mercredi, avec l’aval du préfet de Dakar.

mardi 22 avril 2008

HOMMAGE-AIME CESAIRE: Le volcan s’est éteint


Par Achille Mbembe
Le glas ayant sonné, Césaire est donc parti. Désormais allongé, étendu seul, il est là, ici, partout et nulle part, fiché horizontalement, à la manière de ce qui plus jamais ne se relèvera.
Passé au pays du grand sommeil, le veilleur s’est finalement délivré de soi. Et ayant rejoint le revers du temps, celui-qui-guettait-la-nuit s’est frayé un chemin solitaire dans la nuit, la grande nuit de l’innommé.
Mais l’entretien entamé en 1935 en Dalmatie (Croatie), au moment de l’invasion et de l’occupation de l’Éthiopie par les troupes italiennes, au zénith de l’impérialisme européen, de la montée du fascisme, de l’hitlérisme et du racisme, lorsqu’il entreprit d’écrire le Cahier d’un retour au pays natal – cet entretien sera toujours, par essence, infini.
Et c’est donc à le reprendre, chaque fois en des termes nouveaux, sans jamais donner à ses affirmations un sens trop facile, trop frivole, que la présence nue de sa mort désormais nous convie.

Le sort de « l’homme noir » dans le monde

Toute sa vie, Césaire aura lutté avec force et tranchant, énergie et lucidité, mixte de clarté et d’obscurité, avec les armes miraculeuses de la poésie et celles non moins honorables de la politique, les yeux fixés tantôt sur l’impérissable, tantôt sur l’éphémère, ce qui passe et s’en retourne à la poussière.
Il aura obstinément cherché à ménager un lieu de permanence à partir duquel le mensonge puisse être éventé, la vérité ressuscitée et l’indestructible se manifester. C’est la raison pour laquelle sa pensée, volcanique, aura été à la fois celle de l’interruption, du soulèvement, de l’espérance et de la déclosion.
Le socle de cette pensée de la lutte et du soulèvement aura été d’une part l’affirmation de l’irréductible pluralité du monde ou, comme il aimait à le dire, « des civilisations » ; et de l’autre la conviction selon laquelle « l’homme où qu’il se trouve a des droits en tant qu’homme ».
Ce dont cette pensée aura porté témoignage, c’est l’espérance d’un rapport humain avec la différence – rapport inconditionnel d’humanité rendu d’autant plus impératif à l’évidence du visage sans nom auxquels on se heurte, et de l’inexorable moment de violence qui nous pousse à dénuder ce visage, à violer ce nom et à en effacer la sonorité.
Ce qu’elle aura mis en procès, c’est le racisme et le colonialisme, deux formes modernes de ce viol et de cet acte d’effacement, deux figures de l’animalité dans l’homme, de l’union de l’humain et de la Bete contre laquelle la république elle-même n’est pas immunisée et de laquelle notre monde est loin d’être entièrement sortis.
Enfin, la terreur qui l’aura habité, c’est celle d’un sommeil sans réveil, d’un sommeil sans jour nouveau, sans soleil ni lendemain.
Et, puisque l’on y est, l’obsession de Césaire, ce ne fut pas seulement les Antilles, ce pays qu’il avait coutume d’appeler non pas « français », mais « caribéen ».
Ce ne fut pas seulement la France qu’il servit avec amour et dévouement et dont il disait de la Révolution qu’elle avait - événement tout à fait inaugural dans son esprit - fait l’impasse sur « le problème colonial », c’est-à-dire la possibilité d’une société sans races.
Ce fut aussi Haïti (une terre qui, disait-il, « avait prétendument conquis sa liberté », mais qui était plus misérable qu’une colonie).
Ce fut le Congo de Lumumba et, à travers lui, l’Afrique (où l’indépendance avait débouché sur « un conflit entre nous-mêmes »).
Ce fut l’Amérique noire (à l’égard de laquelle il n’avait cesse de rappeler et de proclamer la « dette de reconnaissance »).
Ce fut, comme il ne cessa de le répéter lui-même, « le sort de l’homme noir dans le monde moderne ».

Pluralité du monde et partage des singularités

Or, au moment où Césaire s’en va, il nous faut prendre au sérieux ce souci déclaré pour ce qu’il appelle « l’homme noir ».
Il nous faut éviter de neutraliser la charge polémique que portent ce souci et l’inconnu auquel il se rapporte tout en acceptant que tout cela puisse nous déconcerter.
Il nous faut embrasser ce souci non pour enfermer Césaire dans une conception carcérale de l’identité, encore moins pour reléguer sa pensée à une forme de tribalisme racial, mais pour que justement, dans le vacarme des éloges officiels et les tentatives nationalistes de récupération et d’instrumentalisation, nul ne puisse se dérober face aux difficiles questions qu’il fit siennes, qu’il ne cessa de poser à tous, et qui aujourd’hui encore restent, pour l’essentiel, sans réponse, à commencer par la question de la race et du racisme.
Ne disait-il pas encore, vers la fin du siècle dernier, que « ce qui fait question, c’est le racisme ; c’est la recrudescence du racisme dans le monde entier ; ce sont les foyers de racisme qui, ça et là, se rallument. C’est cela qui fait question. C’est cela qui doit nous préoccuper. Alors, est-ce bien le moment, pour nous, de baisser la garde et de nous désarmer nous-mêmes ? » (Discours sur la négritude, 1987)
Que veut donc dire Césaire lorsqu’il proclame son souci pour le sort fait à « l’homme noir » dans le monde moderne ? Qu’entend-il par « homme noir » ? Pourquoi ne pas dire l’humain tout court ?
Soulignons d’abord qu’en faisant de la race le point de départ de sa critique du politique, de la modernité et de l’idée même de l’universel, Césaire s’inscrit en droite ligne d’une tradition critique intellectuelle noire que l’on retrouve aussi bien chez les Afro-Américains que chez nombre d’autres penseurs caribéens anglophones, voire Africains.
Chez Césaire cependant, la critique de la race ne débouche pas sur la sécession du monde, mais sur l’affirmation de sa pluralité et la nécessité de sa déclosion.
Affirmer que le monde est pluriel, militer pour sa déclosion, c’est dire que l’Europe n’est pas le monde, mais seulement une partie de celui-ci.
C’est donc faire contrepoids à ce que Césaire appelle « le réductionnisme européen » - par quoi il entend « ce système de pensée ou plutôt l’instinctive tendance d’une civilisation éminente et prestigieuse à abuser de son prestige même pour faire le vide autour d’elle en ramenant abusivement la notion d’universel à ses propres dimensions, autrement dit à penser l’universel à partir de ses seuls postulats et à travers ses catégories propres ». Et d’indiquer les conséquences que cela entraine : « couper l’homme de l’humain, et l’isoler, en définitive, dans un orgueil suicidaire sinon dans une forme rationnelle et scientifique de la barbarie ».
D’autre part, affirmer que le monde ne se réduit pas à l’Europe, c’est réhabiliter la singularité et la différence. En cela, et quoi que l’on ait dit, Césaire est très proche de Senghor.
Tous les deux récusent les visions abstraites de l’universel. Ils font valoir que l’universel se décline toujours dans le registre de la singularité. À leurs yeux, l’universel est précisément le lieu d’une multiplicité de singularités dont chacune n’est que ce qu’elle est, c’est-à-dire dans ce qui la relie et la sépare d’autres singularités. Chez l’un comme chez l’autre, il n’y a donc pas d’universel absolu. Il n’y a d’universel qu’en tant que communauté des singularités et des différences, partage qui est à la fois mise en commun et séparation.
On le voit. Ici, la critique de la race n’a de sens que parce qu’elle ouvre la voie à une autre imagination de l’idée humaine et de la communauté universelle.
En cet age de la guerre sans fin et des multiples retours du colonialisme, une telle critique est loin d’etre terminée. Elle est encore indispensable dans les conditions contemporaines, qu’il s’agisse de questions liées à la citoyenneté, à la présence des étrangers et des minorités parmi nous, aux figures non-européennes du devenir humain, au conflit des monothéismes ou encore à la globalisation.

Retours du colonialisme

Sur un autre plan, la critique de la race chez Césaire a toujours été inséparable de la critique du colonialisme et de la pensée qui le portait.
Qu’est-ce en son principe la colonisation, se demande-t-il dans son Discours sur le colonialisme (1955).
Elle n’est, « ni évangélisation, ni entreprise philanthropique, ni volonté de reculer les frontières de l’ignorance, de la maladie, de la tyrannie, ni élargissement de Dieu, ni extension du droit ». Équation malhonnête, elle est fille de l’appétit, des cupidités et de la force – les mensonges, les traités violés, les expéditions punitives, le poison instillé dans les veines de l’Europe, l’ensauvagement, tout ce par quoi le colonisateur se décivilise, plonge dans l’abrutissement, apprend à réveiller les instincts enfouis, la convoitise, la violence, la haine raciale et le relativisme moral.
D’où le fait que « nul ne colonise innocemment, que nul non plus ne colonise impunément ; qu’une nation qui colonise, qu’une civilisation qui justifie la colonisation est déjà une civilisation malade, une civilisation moralement atteinte, qui, irrésistiblement, de conséquence en conséquence, de reniement en reniement, appelle son Hitler ».
Et d’ajouter : « Le colonisateur, qui, pour se donner bonne conscience, s’habitue à voir dans l’autre la bête, s’entraine à le traiter en bete, tend objectivement à se transformer lui-même en bete ».
Prendre au sérieux Césaire, c’est continuer de traquer dans la vie d’aujourd’hui les signes qui indiquent ces retours du colonialisme ou sa reproduction et sa répétition dans les pratiques contemporaines – qu’il s’agisse des pratiques de guerre, des formes de minorisation et de stigmatisation des différences ou, plus directement, des formes de révisionnismes qui, s’appuyant sur l’échec des régimes indépendants, cherchent à justifier ex post ce qui fut avant tout un gouvernement grossier, vénal et arbitraire.

Un testament d’espérance

Finalement, il importe de continuer de s’interroger sur les sens du terme « nègre » que Senghor et Césaire réhabilitèrent au plus fort du racisme impérial. Il est d’ailleurs significatif qu’au soir de sa vie, Césaire s’estime obligé de rappeler récemment à Françoise Vergès : « Nègre je suis et nègre je resterai » (Nègre je suis, & nègre je resterai. Entretiens avec Françoise Vergès, 2004).
La prise de conscience de son être-nègre date du début des années 1930 quand il fait, à Paris, la rencontre de Léopold Sédar Senghor et des écrivains afro-américains Langston Hughes, Claude McKay, Countee Cullen, Sterling Brown et plus tard Richard Wright et bien d’autres.
Cette prise de conscience est provoquée par l’interrogation pressante, angoissante, que se posent, dans l’entre-deux-guerres, une génération de penseurs noirs. Cette question porte sur la condition noire d’une part et les possibilités du temps de l’autre. Césaire la résume de la manière suivante : « Qui sommes-nous dans ce monde blanc ? Que nous est-il permis d’espérer et que devons-nous faire ? ».
À la question « Qui sommes-nous dans ce monde blanc ? », Césaire apporte une réponse dépourvue d’ambigüité : « Nègres nous sommes ». En affirmant de façon aussi péremptoire sa « négritude », il affirme une différence que rien ne doit simplifier, qu’il ne faut pas chercher à réduire et de laquelle il ne faut pas se détourner en la déclarant indicible.
Mais qu’entend-il par « nègre », ce renvoi ou encore ce nom dont Fanon dit, dans Peau noire, masque blancs, qu’il n’est qu’une fiction ? Et que nous faut-il entendre par ce mot aujourd’hui ?
Pour lui, ce nom renvoie non pas à une réalité biologique ou à une couleur de peau, mais à « l’une des formes historiques de la condition faite à l’homme ». Mais ce mot est également synonyme de « lutte opiniâtre pour la liberté et d’indomptable espérance ».
Chez Césaire, le terme « nègre » signifie donc quelque chose d’essentiel, qui ne relève absolument pas du racisme noir ou de l’idolâtrie de race. Parce qu’il est chargé de tant d’épreuves (que Césaire tient absolument à ne jamais oublier) et parce qu’il constitue la métaphore par excellence de la « mise à part », ce nom exprime le mieux, et a contrario, la quête de ce qu’il appelle une « plus large fraternité », ou encore un « humanisme à la mesure du monde ».
Ceci dit, cet humanisme à la mesure du monde, on ne saurait en parler que dans le langage de l’à-venir, de ce qui toujours se situera au-devant de nous et qui, comme tel, sera toujours privé de nom et de mémoire, mais non point de raison – ce qui, comme tel, toujours échappera à la répétition parce que toujours radicalement différent.
Du coup, l’universalité du nom « nègre », il faut la chercher non du coté de la répétition, mais de celui de la différence radicale sans laquelle la déclosion du monde est impossible. C’est au nom de cette différence radicale qu’il faut réimaginer « le nègre » comme la figure de celui qui est en route, qui est prêt à se mettre en route, qui fait l’expérience de l’arrachement et de l’étrangeté.
Mais pour que cette expérience du parcours et de l’exode ait un sens, il faut qu’elle fasse une part essentielle à l’Afrique. Il faut qu’elle nous ramène à l’Afrique, ou du moins qu’elle fasse un détour par l’Afrique, ce double du monde dont nous savons que le temps viendra.
Césaire savait que le temps de l’Afrique viendrait, qu’il nous fallait l’anticiper et nous y préparer. C’est cette réinscription de l’Afrique dans le registre du voisinage et de l’extrême lointain, de la présence autre, de ce qui interdit toute demeure et toute possibilité de résidence autre qu’onirique - c’est cette manière d’habitation de l’Afrique qui lui permit de résister aux sirènes de l’insularité.
Finalement, c’est peut-être l’Afrique qui, lui ayant permis de comprendre qu’il y a des forces profondes en l’homme qui excèdent l’interdit, octroya à sa pensée son caractère volcanique.

LYCEE LAMINE GUEYE: Une crise d'hystérie collective s'empare de l'école


Le lycée Lamine Guèye de Dakar serait-il hanté ? Moins de soixante-douze heures après les premières transes qui avaient touché vendredi dernier quelque 90 élèves de l’établissement, une nouvelle vague d’hystérie collective a affecté hier, lundi 21 avril, une vingtaine de potaches. A l’émoi et à la stupéfaction se sont substituées à présent l’incompréhension et l’inquiétude des pensionnaires du vieil établissement d’enseignement secondaire.
Les crises d’hystérie collective enregistrées vendredi dernier au sein du lycée Lamine Guèye de Dakar ont repris de plus belle lundi matin. Moins de deux heures à peine après le début des cours, une vingtaine de jeunes filles poussant des cris comme des possédées sont tombées en transe, au grand émoi des responsables du vieil établissement complètement dépassées par la situation et ne sachant plus où donner de la tête. Ces nouvelles transes venaient se surajouter aux crises d’hystérie collective qui avaient déjà touché 90 élèves ( 88 filles et deux garçons ) du lycée en fin de semaine, occasionnant ainsi la fermeture provisoire de l’établissement pour 48 heures. Ces nouvelles atteintes, 21 au total et toutes de sexe féminin, présentaient les même symptômes que ceux du week-end dernier ( agitations hystériques, crises, syncopes et transes). Alertés, les sapeurs pompiers ont de nouveau rappliqué dans le lycée pour porter secours aux élèves en transes, tous pensionnaires du collège érigé dans l’enceinte même du lycée. Un lycée baigné dans une atmosphère de forte tension et dont la cour a été prise d’assaut par mal de parents d’élèves et de curieux accourus aux nouvelles. La salle des professeurs du lycée a été alors aménagée en centre d’accueil des jeunes filles victimes de transes pendant que celles qui présentaient des cas plus difficiles à prendre en charge ont été évacuées dans les hôpitaux de Fann et de Principal. Selon ainsi le colonel Diène Faye, commandant du sous-groupement n°1 du groupement national des sapeurs pompiers, « Douze (12) d’entre elles ont été admises à l’hôpital Principal de Dakar, une à l’hôpital de Fann et huit (08) traitées sur place et remises à leurs parents grâce à l’intervention des médecins dépêchés sur place dans le cadre du Plan blanc déclenché par les services de l’hôpital Principal ».
Un phénomène difficile à expliquer
Le phénomène d’hystérie collective qui a frappé à deux reprises les potaches du lycée Lamine Guèye semble jusqu’à ce jour échapper à toute explication rationnelle. Bien qu’une commission d’enquête soit déjà mise sur pied comme l’a affirmé le docteur Idrissa Bâ de la Direction de la santé mentale, les explications crédibles tardent pour rendre raison de ce phénomène dont l’ampleur commence à susciter l’inquiétude et la psychose chez les apprenants comme les membres d’encadrement pédagogique du lycée.
Cette absence d’explication rationnelle du phénomène de crise collective au lycée Lamine Guèye a fini d’ailleurs par conforter la thèse mystique de la dame Seynabou Gaye, exorciste de son état. Pour la traditionaliste, seul le recours à des sacrifices et à des rituels de purification peut permettre d’endiguer ce phénomène de transe collective au lycée Lamine Guèye. Il faut noter pour finir que l’établissement d’enseignement secondaire est fermé, par mesure de sécurité, jusqu’à nouvel ordre.
Un des plus vieux établissements de la capitale sénégalaise, le lycée Lamine Guèye a été construit en 1920 avec l’ouverture du cours secondaire de Dakar. Il est baptisé en 1936 lycée Van Vollenhoven, du nom d’un éphémère Gouverneur qui s’opposa au recrutement d’indigènes pour la première Guerre mondiale. L’établissement qui était fréquenté à sa création par les fils des blancs européens sera rebaptisé en 1985 ’’Lamine Guèye’’ (ancien président de l’Assemblée nationale) par le ministre de l’Education nationale de l’époque, Iba Der Thiam.
D’éminentes personnalités comme le premier Président Léopold Sédar Senghor, l’actuel Président de Mauritanie Sidi Ould Cheikh Abdellahi, l’écrivaine Mariama Bâ, des hommes politiques (Moustapha Niasse, Djibo Leïty Ka, Landing Savané, Mamadou Diop ‘’Decroix’’) ont fréquenté le lycée.
Un lycée dont la délocalisation annoncée par le régime libéral est à la source d’une véritable levée des boucliers. Des esprits malicieux sont même allés jusqu’à voir dans cette crise d’hystérie collective qui a frappé à deux reprises les élèves du lycée, une provocation « surnaturelle » d’intérêts nébuleux tapis dans l’ombre…

lundi 21 avril 2008

TELECOMMUNICATIONS-SERVICE UNIVERSEL: Micmac dans la gestion du fonds de développement


Le Fonds de développement du service universel, estimé à une dizaine de milliards, suscite de nombreuses interrogations. C’est le flou total, selon l’Intersyndicale des travailleurs de la Sonatel, qui exige la transparence et interpelle l’Agence de régulation des télécommunications et des postes (Artp). Cette dernière rassure et annonce la mise en place prochaine du Comité de direction.
Les travailleurs des postes et télécommunication sont inquiets de la gestion des fonds mobilisés dans le cadre du service universel. « Les inquiétudes, c’est par rapport à la transparence dans la gestion de ce fonds-là, parce que nous l’avions dit à l’époque, depuis 2003 à peu près, nous n’avons pas connu de rapport fait et élaboré par l’Agence de régulation pour expliquer la destination des fonds collectés, qui se chiffrent à plusieurs dizaines de milliards », selon Aïdara Diop, Coordonnateur de l’Intersyndicale, porte la parole des travailleurs de la Sonatel. Il explique que dans le cadre de la libéralisation du secteur des postes et télécommunications, l’Etat a eu pour souci le développement du service universel, et décidé de la création dudit fonds alimenté par les différents opérateurs.
« Si l’Artp collecte le Fonds pour le développement du service universel et qu’on n’ait pas de visibilité sur l’utilisation de ces fonds-là, je pense que ça pose problème », M. Diop. Il rappelle que la Sonatel a demandé à pendre en charge le développement du service universel, mais que l’Etat a préféré confier la gestion des fonds l’Artp. Soit, celle-ci devrait « faire preuve de plus de transparence sur la gestion parce que c’est les deniers publics », insiste-t-il.
Pour sa part, l’Artp avoue ne pas connaître le montant exact du Fonds. « Je ne peux pas aujourd’hui vous dire quel est le montant qui a été collecté. Le taux, c’est 3 % du chiffre d’affaires net des opérateurs, mais il y a aussi l’Etat, l’Artp et les bailleurs de fonds qui y contribuent », note Thierno Mouhamadou Baba Ly, directeur des opérations à l’Artp. Il indique « le Fonds n’est pas encore mis en œuvre, parce qu’il est géré par deux organes. Il y a d’abord le Comité de direction, qui est dirigé par un représentant de Monsieur le président de la République, et où il y a un représentant du Premier ministre, de certains ministères, un représentant de chaque opérateur, donc Sonatel et Sentel, des représentants également des associations de consommateurs ». M. Ly ajoute que le Directeur général de l’Artp est l’Administrateur du Fonds, mais que toutes les décisions, les orientations et les décisions pour l’utilisation du Fonds sont prises par le Comité de direction dans lequel siègent les opérateurs.
M. Ly fait savoir en outre que ce Comité n’est pas encore mis en place. « Nous attendons, ce qui ne saurait tarder, la désignation par le président de la République de son représentant, président du Fonds. Les ressources du Fonds sont déposées dans un compte séparé du compte de l’Artp », dit-il. Pour lui, il n’y a donc « aucune inquiétude, on ne peut faire aucun investissement, aucune sortie d’argent tant que le Comité de direction n’est pas en place ».

EMEUTES DE LA FAIM: Le Sénégal et l’Afrique au bord de la famine


LE PARISIEN - Le brutal renchérissement du prix des aliments, notamment du riz, a provoqué une flambée de colère en Afrique, mais aussi en Asie et dans les Caraïbes. Nos envoyés spéciaux à Dakar décrivent la souffrance des Sénégalais.
De Douala (Cameroun) à Abidjan (Côte d’Ivoire), du Caire (Egypte) à Dakar (Sénégal), en passant par Ouagadougou (Burkina Faso), les manifestations contre la faim secouent les capitales africaines. De semblables émeutes éclatent en Thaïlande ou au Bangladesh. A Haïti, où le prix du sac de riz avait doublé en moins d’une semaine, le chef du gouvernement a été renversé après une soudaine éruption de violence et des morts par balle. Et ce ne serait qu’un début.

En moins d’un an, le coût des produits alimentaires a augmenté de plus de 50 %, pour des raisons aussi diverses que la mode des biocarburants, la spéculation, l’impact de la mondialisation, le changement climatique ou l’évolution des modes de vie. Les économies les plus fragiles sont menacées, la stabilité, déjà précaire, de nombre de pays que l’on dit en voie de développement est au bord de l’effondrement.
La FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) a la première poussé un cri d’alarme. La situation est si grave, prévient-elle, qu’elle pourrait aboutir à des guerres encore plus meurtrières que celles qu’avaient connues les continents africain et asiatique. Avant la récente flambée des prix (plus de 50 % pour le riz en deux mois, plus de 80 % pour les céréales en quatre mois), « un enfant de moins de 10 ans mourait toutes les cinq secondes, 854 millions de personnes étaient gravement sous-alimentées », indiquait, il y a quelques jours, le sociologue suisse Jean Ziegler, rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à l’alimentation, qui craint « une hécatombe ».
La disette menace
Alors que la France vient de doubler, en passant à 60 M€, l’aide alimentaire aux pays pauvres, les gouvernements concernés font ce qu’ils peuvent, comme le président haïtien René Préval qui a imposé une réduction de 15 % du prix du kilo de riz. Nos reporters sont allés enquêter au Sénégal, où la disette menace et où le président Abdoulaye Wade tente d’enrayer la crise en fixant le prix maximum du kilo de riz à 280 francs CFA, soit 0,42 €.
A Dakar, l’angoisse quotidienne pour le riz
SOUS LE TOIT de tôle, la chaleur est étouffante. Une tenture sombre, brodée de versets du Coran, couvre le mur de parpaings, juste au-dessus d’un poste de télévision aux images tremblantes. Le sol est en terre battue. Cela fait quarante ans que M’Baye Dieye, 81 ans, calot sur la tête, membres squelettiques, habite sa cahute, dans une ruelle de Grand-Médine, l’une des cités bidonvilles de la périphérie de Dakar. Des gamins pieds nus courent dans la poussière, des jeunes au tee-shirt délavé shootent dans des ballons de foot rapiécés. Les ordures s’entassent en monticules nauséabonds. Il y a deux ans, le vieil Hadj (NDLR : titre que l’on donne à ceux qui ont fait le voyage à La Mecque) était encore un tailleur réputé, fier de son pèlerinage accompli en 1988, de son unique fils, « futur informaticien », de sa fille, mère de plusieurs enfants. « Autrefois, on vivait mieux », souffle le vieillard. A la retraite, sans rentrée fixe d’argent, il a peur, aujourd’hui, que les siens « aient faim. »
Chaque jour, une vingtaine de personnes au moins se retrouvent autour du patriarche, à partager le repas de midi, ce riz brisé devenu « hors de prix », cuit par les épouses, dans une grande bassine, au milieu de la cour de la masure. « Dans le quartier, on le paye de 400 à 450 francs CFA (NDLR : 0,61 à 0,68 €) le kilo, s’insurge l’une des petites-filles, une jolie jeune femme aux cheveux drus. Cela devient de plus en plus dur de nourrir une famille. »
« Le riz est devenu si cher », se lamente MByang Diop, une robuste quinquagénaire qui, au coin de la rue, assise sur une chaise en plastique, vend des mangues et ces morceaux de calcaire dont les femmes enceintes sont friandes. La flambée du prix du riz, qui aurait augmenté de 30 % en deux mois, base de tous les repas dans un pays où la moitié des habitants vit avec moins de 1,30 € par jour, où le nombre d’enfants par famille polygame peut aller jusqu’à quarante, prend des allures de catastrophe. Première et terrible conséquence de ce choc alimentaire : selon les statistiques de la Banque mondiale, la malnutrition atteint désormais, au Sénégal, près d’un enfant de moins de 5 ans sur quatre.
« On fait toujours trois repas par jour, mais on économise sur les quantités »
« Nous achetons quatre sacs de 50 kg par mois. En quelques mois le prix est passé de 12 500 CFA à 17 000 CFA (un peu plus de 19 € à un peu moins de 26 €), s’alarme Rachida Khady Diatta. C’est dur. » Matrone au port de tête altier, elle est assise sur le canapé du salon de sa jolie maison du quartier Dieupeul, là où la Société immobilière du Cap Vert avait, il y a une trentaine d’années, mis en chantier des lotissements destinés à la classe moyenne, ces fameux Sicap, fierté d’innombrables familles de fonctionnaires presque aisés. Un téléviseur couleur grand écran trône sur une table basse, les boubous des dames, dont les oreilles s’ornent de boucles d’or, sont impeccables. La famille, une vingtaine de personnes, tente de sauver les apparences, mais a commencé à rogner sur la nourriture. « Jusqu’à maintenant, on fait toujours trois repas par jour, mais on économise sur les quantités », explique Rachida.
L’exode rural, entre autres facteurs, explique, en partie, la situation actuelle. « Quand je me suis installé à Sagalkan (NDLR : gros bourg rural à une quarantaine de kilomètres au nord-ouest de Dakar), il y avait beaucoup d’arbres fruitiers et de cultures maraîchères, dénonce Cheikou Touré, ancien inspecteur de l’Education nationale, les paysans locaux vivaient plutôt bien. L’urbanisation accélérée a mis en danger cette économie. » A Sagalkan, on vit quand même « un peu mieux » que dans les quartiers pauvres de Dakar. « Grâce aux femmes, précise Rokhaya Sarr, la deuxième épouse du fonctionnaire en retraite. Elles ont fondé une association qui vend leurs légumes aux marchés. » Urbains comme villageois s’inquiètent d’une possible pénurie de riz. Ndeye Seck, 54 ans, mère de cinq enfants, une « vieille maman à sa charge », divorcée d’un riche marabout « qui ne lui donne pas un sou », survit « grâce à la solidarité familiale ». Dans ses « deux chambres et salon » du centre de Dakar, elle s’affole déjà. L’épicier chez qui elle se fournit d’habitude est en rupture de stock. « J’ai déjà été obligée d’aller en acheter très loin de chez moi. »
Sur le marché Sandaga, en plein coeur de Dakar, les énormes sacs, bleutés ou roses, venus de Thaïlande, s’empilent pourtant dans les échoppes obscures aux odeurs épicées. « Il n’y a pas pénurie, jure Mamadou, épicier depuis plus de trente ans. Tout ça, c’est des histoires, pour faire peur. » Il avoue quand même que depuis qu’il vend son riz brisé à 13 250 CFA (un peu plus de 20 €) les 50 kg, « les gens en achètent moins ». Mustapha Tall, l’un des trois plus gros importateurs de riz du Sénégal, lui, est « inquiet. Il a « dérouté des cargaisons vers le Sénégal » et assure « qu’il a pour quatre mois de réserves en riz » .
Face à la crise, quelles solutions ?
LES ORGANISATIONS mondiales n’ont rien vu venir ni rien pu prévenir. Les émeutes de la faim ont explosé partout dans le monde, braquant brutalement les projecteurs sur des phénomènes « muets » : conversion massive de l’agriculture céréalière en biocarburants, explosion de la consommation alimentaire de géants démographiques tels que la Chine et l’Inde. Devant l’urgence, chacun y va de ses solutions. Malheureusement tardives, car il faudra des années pour infléchir durablement l’explosion des prix des matières premières.
Doubler les aides. La France portera à 60 M€ sa contribution 2008 au Programme alimentaire mondial et aux ONG spécialisées (soit l’équivalent de 200 000 t de céréales). Le prix d’un avion Rafale... L’aide publique au développement « est passée de 0,47 % du revenu national brut à 0,39 % en un an », dénonce le PS. La France, qui prend au 1er juillet la présidence de l’Union européenne, espère que son exemple aura un effet d’entraînement. Paris pourrait accueillir, d’ici à la fin de l’année, une conférence sur la sécurité alimentaire. « Lutter contre la faim et la pauvreté » est également le thème retenu par le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, pour la prochaine assemblée générale des Nations unies en septembre.
Responsabiliser les Etats. L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) réunie à Brasilia devant 33 pays d’Amérique latine et des Caraïbes appelle au volontarisme des Etats : « La production alimentaire peut être doublée en cinq ans », affirme son président, Jacques Diouf. Les priorités : les travaux d’irrigation, le développement des infrastructures rurales et de l’agriculture familiale, un meilleur stockage des produits agricoles, l’accès au crédit et la révision des règles du commerce.
Freiner les biocarburants. Etats-Unis, Europe, Brésil et Canada convertissent une part croissante de leurs récoltes en biocarburants. Les Etats-Unis y injectent 20 % de leur production de grain et visent les 136 milliards de litres produits d’ici à 2020. Le Brésil produira, lui, 20 milliards de litres dès 2008. « Un problème moral », soulève Dominique Strauss-Kahn, patron du FMI (Fonds monétaire international). Solution : développer des carburants de deuxième génération moins gourmands. Mais cela prendra entre dix et vingt ans.
Orienter les aides financières sur le développement agricole. L’Organisation mondiale du commerce (OMC) préconise, elle, un glissement des aides financières aux pays en développement du FMI et de la Banque mondiale vers l’amélioration de l’offre agricole afin de juguler l’inflation des produits alimentaires.


GRANDE OFFENSIVE AGRICOLE DE WADE:"Ce sera un flop", estime Tanor Dieng


Ousmane Tanor Dieng ne cherche pas midi à quatorze heures pour annoncer le "grand flop" qui va sanctionner la grande offensive agricole lancée vendredi par le président Abdoulaye Wade.
Au cours de l’émission Opinion sur Walf Tv, le secrétaire général du Ps a déclaré que ce plan annoncé par le président de la République tout le gouvernement et le commandement territorial n’est "ni sérieux ni réalisable".
Selon Ousmane Tanor Dieng, "ce sont des démarches d’amateurs", ajoutant que "c’est pompeux, mais cela ne règlera rien". "Je suis peiné car manifestement, il n’y a pas une étude, ni de la concertation avec les acteurs du monde rural", a-t-soutenu.
Tanor Dieng se dit d’ailleurs convaincu que "les spécialistes ont appris le plan de Wade en même temps que nous". "Il faut que l’on respecte les spécialistes. Ce sera un flop retentissant. Ce n’est pas une vision, mais un pilotage à vue", a-t-il averti.
« La Grande offensive agricole pour la nourriture et l’abondance (Goana) » du président Wade ambitionne la satisfaction « dès le prochain hivernage et sa contre-saison, de tous les besoins alimentaires et, au-delà, remplir les greniers ». Me Wade fixe des objectifs de deux millions de tonnes de maïs, trois millions de tonnes de manioc, cinq cent mille (500 000) tonnes de riz et deux millions de tonnes pour les autres céréales comme le mil, le sorgho, le fonio, etc. Pour l’élevage, le chef de l’Etat veut à moyen terme, une production de quatre cents (400) millions de litres de lait et quarante-trois mille cinq cent (43 500) tonnes de viande.

LA GOANA DE WADE FACE A LA CRISE ALIMENTAIRE: «Autosuffisance possible que dans dix ans», estime Jean-Christophe Ruffin


La Grande offensive agricole pour la nourriture et l’abondance (Goana) du chef de l’Etat suscite déjà des réactions. L’ambassadeur de France au Sénégal, Jean-Christophe Ruffin, estime que l’autosuffisance possible, mais dans dix ans. Quant aux paysans de Galoya, dans la vallée du fleuve Sénégal, ils approuvent l’idée, mais réclament des aménagements hydro-agricoles et des matériels performants.
Le Sénégal peut atteindre l’autosuffisance alimentaire, mais dans dix ans seulement. C’est l’avis de l’ambassadeur de France au Sénégal. Jean-Christophe Ruffin propose pour y arriver la réforme du système bancaire sénégalais.
Le diplomate français, qui se confiait au journal « Aujourd’hui en France », estime que les ménages sénégalais sont en situation difficile à cause des prix très élevés. Cette sortie prend en tout cas le contre-pied de l’optimisme du président Abdoulaye Wade qui a sonné vendredi la Grande offensive agricole pour la nourriture et l’abondance (Goana) pour, en un temps record, faire face à la crise alimentaire.
Le président Wade ambitionne la satisfaction « dès le prochain hivernage et sa contre-saison, de tous les besoins alimentaires et, au-delà, remplir les greniers ». Me Wade fixe des objectifs de deux millions de tonnes de maïs, trois millions de tonnes de manioc, cinq cent mille (500 000) tonnes de riz et deux millions de tonnes pour les autres céréales comme le mil, le sorgho, le fonio, etc.
Pour leur part, les cultivateurs de Podor exigent l’utilisation de l’expertise paysanne, l’exploitation des aménagements hydro-agricoles de la vallée, mais également et surtout la mise à disposition de matériels de culture performants.
A Galoya, chef-lieu de Communauté rurale, les paysans attirent l’attention des autorités sur les maux dont souffre leur localité. Dans ce village, 804 membres réunis autour de 4 Gie (groupements d’intérêt économique) sont confrontés à des difficultés de survie. Zone agricole par excellence, les populations de cette localité ne se partageraient pourtant que 68 hectares.
Si l’on se félicite du projet du chef de l’Etat qui consiste à relancer les différentes filières agricoles, il reste que pour les paysans, l’essentiel est de mettre à leur disposition des aménagements dignes de ce nom et du matériel agricole performant. Car, l’exploitation des immenses potentialités agricoles existant le long de la vallée aurait suffi à régler le problème du chômage et de l’autosuffisance alimentaire, à en croire ces paysans de la vallée.

EUROPE-USA-CRISE ALIMENTAIRE MONDIALE: Les subventions agricoles au banc des accusés


Rfi.fr - Les subventions que versent les pays riches à leurs agriculteurs sont de nouveau au cœur de la polémique. Les Etats-Unis et l’Union européenne ont été accusés par Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’ONU, de « pénaliser les pays pauvres et de contribuer à l’urgence actuelle ». Après les biocarburants, les subventions agricoles seraient responsables de l’aggravation de la crise alimentaire mondiale.
« Il est temps pour les nations les plus riches de repenser leurs programmes démodés de subventions agricoles » : l’appel a été lancé par Ban Ki-moon, ce dimanche, depuis Accra, où se tient la 12ème Conférence de l’ONU sur le commerce et le développement (Cnuced). Les Etats-Unis et l’Union européenne sont particulièrement visés par cette attaque, alors que la crise alimentaire enfle et « pose une menace pour la stabilité de nombreux pays en voie de développement », comme l’a souligné le secrétaire général des Nations unies, dès son arrivée dans la capitale ghanéenne.
« Pratiques protectionnistes des pays riches »
Cet argument en faveur d’une suppression des subventions agricoles a été repris à la tribune par Luiz Inacio Lula da Silva, dont le pays milite depuis des années dans ce sens. Ce dimanche, le président brésilien a lancé : « Les principales victimes [des subventions] sont les fermiers les plus pauvres », et il a ajouté « nous devons rester vigilants face à la tentation de pratiques protectionnistes des pays riches ».
Les Etats-Unis et l’Union européenne dépensent en effet de lourdes sommes tous les ans pour soutenir leurs agriculteurs, concurrencés par les producteurs des pays du sud. Les marchés américains et européens se protègent également des importations agricoles et agroalimentaires, en imposant des droits de douanes et des taxes élevés aux produits étrangers. Deux pratiques aujourd’hui mises en cause par les pays du Sud et par l’ONU, qui les accusent d’aggraver la crise alimentaire mondiale.
Subventions et protections douanières
L’Union Européenne consacre environ 40% de son budget à sa Politique agricole commune (PAC), soit environ 50 milliards d’euros, dont une partie est distribuée aux agriculteurs européens sous forme de subventions. De l’autre côté de l’Atlantique, les Etats-Unis consacrent environ 90 milliards d’euros au soutien de leur secteur agricole. UE et Etats-Unis pratiquent également des droits de douane très élevés, afin de décourager les importations sur leurs marchés respectifs. L’Union Européenne impose par exemple des taxes qui peuvent s’élever jusqu’à 430% sur certains produits agroalimentaires.
Ces mesures s’apparentent à de la concurrence déloyale clament les pays du Sud, comme l’Inde et le Brésil. Et au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), ils tentent d’obliger les Etats-Unis et l’Union européenne à diminuer leurs aides aux agriculteurs ainsi que leurs barrières douanières.
Or les négociations du cycle de Doha, entamées en 2004 et qui doivent théoriquement aboutir à une plus grande libéralisation des marchés agricoles, sont au point mort, précisément en raison d’un affrontement « Nord-Sud » sur cette question.
UE « puissance agricole forte » ?
Les plaidoiries brésiliennes et onusiennes en faveur d’une baisse, voire d’une suppression, des subventions agricoles, interviennent également alors que l’Union européenne procède actuellement à un « bilan de santé » de sa Politique agricole commune, dont le budget pourrait être sensiblement réduit après 2013. Ce qui ne satisfait pas les grands pays agricoles européens, au premier rang desquels la France (premier producteur agricole de l’UE), dont le ministre de l’Agriculture, Michel Barnier, a de nouveau appelé la semaine dernière à une Europe « puissance agricole forte », à laquelle il propose de « produire plus et mieux ».
Les appels lancés ce dimanche depuis Accra viennent au contraire renforcer la position de la Grande-Bretagne, qui prône depuis longtemps une baisse des subventions agricoles dans l’Union européenne. Quant à la responsabilité des subventions européenne dans la crise alimentaire mondiale évoquée par Ban Ki-moon et le président Lula, Jean-Dominique Giulani, président de la Fondation Schuman est formel : « Je ne crois pas que la politique européenne contribue à la hausse des prix, au contraire elle contribue à stabiliser le marché ».
D’autant, rappelle cet expert, que l’Union européenne distribue 60% de l’aide au développement et 70% de l’aide alimentaire dans le monde. Mais la crise alimentaire mondiale, et la réunion de la Cnuced à Accra, ont néanmoins permis au Brésilien Lula de défendre les biocarburants, dont le pays s’est fait le champion, et de condamner « les pratiques protectionnistes » des pays du Nord.

USA-INVESTITURE DEMOCRATE: Le Financial Times choisit Barack Obama


Reuters - Barack Obama, candidat à l’investiture démocrate pour la présidentielle de novembre aux Etats-Unis, a reçu dimanche le soutien du Financial Times, à l’avant veille de la primaire potentiellement décisive de Pennsylvanie.
"Après le scrutin de mardi, les démocrates doivent agir rapidement pour désigner M. Obama. Il est en fait, le meilleur candidat", peut-on lire dans les colonnes du quotidien.
Hillary Clinton, qui brigue également l’investiture démocrate, a quant à elle obtenu le ralliement du Pittsburg Tribune-Review, dont l’éditorialiste a financé plusieurs enquêtes du camp conservateur sur elle et son époux, lorsqu’il était à la Maison blanche.
"La décision de Clinton de s’asseoir avec le (comité éditorial du) Trib était courageuse, étant donné nos vieilles critiques à son égard. Le courage politique est essentiel pour un président. Clinton en a fait la preuve. Obama ne l’a pas", affirme dimanche son éditorialiste.
La plupart des observateurs font de la sénatrice de New York la favorite de la primaire de Pennsylvanie, mais la marge avec laquelle elle pourrait l’emporter fait débat.
"OBSCÈNE"
Acquis à sa cause, le gouverneur de l’Etat, Edward Rendell, a souligné qu’Obama avait dépensé 3,5 fois plus que Clinton en frais de campagne en Pennsylvanie.
Selon lui, l’équipe de campagne du sénateur de l’Illinois a notamment investi 2,9 millions de dollars dans des spots télévisés pendant la dernière semaine.
"C’est presque obscène", a-t-il affirmé sur la chaîne CBS. "De ce fait, gagner avec une avance de quatre, cinq, six ou sept points dans de telles conditions serait (pour Hillary Clinton) une grande et remarquable victoire."
L’état-major du sénateur de l’Illinois, qui a annoncé dimanche avoir levé 42 millions de dollars en mars, a réagi en soulignant que Clinton aurait besoin de s’imposer avec des écarts bien plus importants lors des dix votes restants pour remporter la course aux 2.025 délégués nécessaires à l’investiture.
En campagne à Reading, Obama a affirmé dimanche que les deux candidats démocrates seraient meilleurs que le républicain John McCain. "Et tous trois serions meilleurs que George Bush", a-t-il ajouté.
"Nous avons besoin d’un candidat qui s’attaque à John McCain, pas qui l’acclame", a rétorqué Clinton, lors d’un meeting à Johnstown.

FLAMBLEE DES PRIX DU PETROLE:Pétroliers et pays consommateurs impuissants


AFP - Pays consommateurs et compagnies pétrolières internationales admettaient leur perte d’influence dimanche lors d’une conférence à Rome, les premiers impuissants face à la flambée des cours de l’or noir, les secondes confrontées au nationalisme pétrolier des pays producteurs.
"Dans les années 1970, les compagnies pétrolières internationales contrôlaient près de 75% des réserves pétrolières mondiales et 80% de la production", a constaté le PDG du groupe italien Eni, Paolo Scaroni, à l’ouverture du Forum international de l’Energie.
"Aujourd’hui, elles contrôlent seulement 6% des réserves pétrolières (...) et 24% de la production", le reste étant "aux mains des compagnies nationales", a-t-il ajouté, devant des représentants des pays producteurs ou consommateurs d’énergie, et de multinationales du secteur.
Avec un prix du pétrole qui a atteint vendredi le record de 117 dollars le baril à New York, de nombreux pays producteurs, à l’instar du Venezuela ou de la Russie, ont moins besoin du concours des "majors" pour exploiter leurs ressources pétrolières.
"Cela ne signifie pas que les compagnies pétrolières internationales ont perdu totalement leur rôle et sont sur le point de disparaître", mais qu’elles "ont profondément besoin de repenser leur métier afin de survivre", a poursuivi M. Scaroni.
Pour lui, les compagnies pétrolières doivent renforcer au maximum leur "savoir-faire technologique" pour développer les "projets difficiles".
Un avis partagé par le PDG de la compagnie anglo-néerlandaise Royal Dutch Shell, Jeroen van der Veer, qui a affirmé que les compagnies pétrolières devaient inventer un "nouveau modèle", basé sur "la technologie" et "la capacité de gérer des projets de grande taille".
Les nouveaux gisements pétroliers sont de plus en plus complexes à exploiter : loin des côtes, enfouis en mer profonde, ou produisant des pétroles ultra-lourds et chers à raffiner, comme au Venezuela ou au Canada.
Mais les compagnies pétrolières sont prises entre "le marteau et l’enclume", à la fois développer ces projets de long terme et "répondre aux marchés financiers qui exigent des résultats immédiats", a déploré le PDG d’Eni.
Le patron du groupe énergétique italien Enel, Fulvio Conti, a suggéré que le marché donne un "signal clair" de "prix stable de long terme" aux investisseurs, pour pouvoir développer ces gisements difficiles et "réduire la volatilité des prix" du brut.
Un message qui va dans le sens de prix du pétrole durablement élevés. Le patron de Total, Christophe de Margerie, présent à Rome a estimé récemment qu’il fallait un baril entre 70 et 80 dollars "minimum" pour couvrir les coûts élevés des nouveaux projets.
Les pays consommateurs doivent également "donner assez de visibilité sur l’évolution de la demande d’ici 15 ans", a estimé le ministre italien de l’Industrie, Pier Luigi Bersani.
Mais M. Bersani n’a pas voulu dire si l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) devait augmenter sa production pour calmer les prix, se contentant d’appeler à une plus ample "coopération" entre producteurs et consommateurs.
Même si le numéro deux de l’Agence internationale de l’énergie, William Ramsey, a lui affirmé qu’il n’était "pas raisonnable" de la part de l’Opep de demander de "sécuriser la demande à horizon de 30 ans".
Symbole d’un rapport de force plus favorable aux producteurs, le PDG d’Eni s’est même excusé d’avoir quitté le Qatar en 2002.
Le cartel continue en tout cas à se montrer inflexible, les ministres koweïtien et qatari du Pétrole répétant que le marché est suffisamment approvisionné en pétrole.

dimanche 20 avril 2008

COMITE CENTRALE DU PS SUR LA SITUATION NATIONALE: Les socialistes pour un combat de rue



Le Parti socialiste (Ps) est sur le pied de guerre. Le mot d’ordre issu de la réunion du comité central d’hier, jeudi 17 avril, a été très clair. « Il faut occuper la rue, en découdre avec Wade et le bouter hors du pouvoir ». Presque tous les responsables et militants qui ont pris la parole dans sont allés dans ce sens, tout en félicitant vivement les jeunes qui font, selon eux, paniquer le pouvoir.
Le secrétaire général du Ps, Ousmane Tanor Dieng n’avait d’autres choix que de s’inscrire dans la même logique. « Il faut impérativement qu’une dynamique populaire exerce et accentue la pression. Il faut que des initiatives soient prises dans le cadre du Front « Siggil » Sénégal, si ce n’est pas le cas, le Ps le fera et prendra ses responsabilités », a déclaré le leader des socialistes Sénégalais. Ousmane Tanor Dieng a, en outre, révélé que la location d’avion coûte entre 100 et 150 millions par jour et s’est demandé pourquoi le président de la République ne voyage plus à bord de l’avion de commandement « La Pointe de Sangomar ».
Il faut s’attendre à voir dans les prochains jours les socialistes sur le front pour faire face au régime libéral. Telle a semblé être la délibération de la réunion du comité central du Parti socialiste (Ps) qui s’est tenue hier, jeudi 17 avril, à la maison du Parti Léopold Sédar Senghor, sise à Colobane. Comme s’ils s’étaient donnés le mot, tous les responsables et militants du Ps qui ont pris la parole ont exhorté le parti à initier des actions, à engager un bras de fer avec le régime pour que des mesures urgentes et à court terme soient prises pour amortir la conjoncture, la crise sociale.
Après un exposé des experts (anciens ministres et anciens directeurs généraux) sur la situation économique du pays, de l’agriculture, les socialistes sont convaincus que des solutions urgentes sont possibles et qu’il faut pousser le pouvoir à les prendre. Sidy Lo de l’Union régionale de Thiès a été le premier a appuyé la proposition du chargé des élections du Ps, Khalifa Ababacar Sall. Pour lui, « il faut que le Ps donne le ton en tant que le principal parti de l’opposition en occupant le terrain. Il faut faire face à ce régime et à son dirigeant Abdoulaye Wade sinon il va nous enterrer ». Malick Konté a estimé que « les discours, propositions et argumentations doivent cesser.
Wade et son fils sont les plus grands criquets pèlerins du pays. Trêve de rhétorique ! ». Le responsable à la base du Ps a félicité Barthélemy Dias, Malick Seck et tous les autres jeunes socialistes avant d’inviter tout le monde à suivre leurs exemples en s’érigeant en défenseur des populations. Un jeune de l’Union régionale de Kaolack Pape Mbaye a fait savoir que « cette lutte « dem ba diek la (qu’il faut aller jusqu’au bout sans demi mesure) » Le pouvoir est anti-républicain, je vois pas pourquoi l’opposition devrait être républicaine ».
El Hadji Fall a dénoncé la spéculation en foncière en avertissant que « ce qui s’est passé en Casamance risque de se produire à Dakar si cette boulimie foncière ne s’arrête ». L’homonyme du maire de la ville de Dakar, Pape Diop a été l’un des plus acerbes. « Ce que Khalifa Ababacar Sall a dit suffit largement, il ne fallait même pas instaurer un débat parce que c’est le sentiment le mieux partagé ici. Ces théories ne serviront à rien, il faut suivre Barthélemy Dias et envahir la rue pour chasser Wade du pouvoir ».

Des actions coordonnées à l’échelle nationale

C’est une salve d’applaudissements qui a accompagné Malick Seck au présidium quand il s’est levé pour aller prendre la parole. C’est l’un des responsables des jeunes qui a été convoqué deux fois à la Division des investigations criminelles (Dic) lundi et mardi à propos de la marche et d’une arme qu’il aurait détenu légalement. L’assistance a loué son courage et sa détermination pour la marche et l’action de manière générale. « La peur est dans le camp adverse. Il faut maintenir la pression. Il ne faut pas qu’on se disperse dans nos objectifs. Il faut que le secrétaire général pose des actes dans le sens de la confrontation avec le régime. Nos actions doivent être de plus en plus dures », a martelé Malick Seck. Les femmes n’ont pas été en reste. Elles ont été aussi déterminées à soutenir les jeunes et à être à leur côté dans ce combat. A l’instar d’Aminata Mbengue Ndiaye son responsable, Mamy Gueye a soutenu que « les femmes sont prêtes pour toutes sortes de manifestation. Elles comptent se mettre en tête de peloton et à organiser aussi des concerts de casseroles ».
Les membres du comité central du Ps veulent, de prime abord, commencer par des campagnes de sensibilisation et surtout de la propagande pour créer un élan populaire autour de leurs diverses actions. Cela a ressorti dans l’intervention de bon nombre de militants. C’est le cas de Tidiane Sow qui a indiqué qu’à « la suite de toutes nos réflexions et propositions, il faut mettre en place des commissions de propagande et d’agitation dans toutes les unions régionales ». Les femmes ont beaucoup plaidé pour une coordination des actions. Elles ont été nombreuses à proposer que l’action qui a été organisée à Dakar soit faite dans toutes les localités, que les foyers de tension soient éparpillés à travers toutes les régions et localités.

« On n’a pas peur de Wade »

Ces déclarations des membres du comité central du Ps ont été rythmées par des applaudissements et des cris d’approbation. La détermination se lisait sur les visages et pouvait être remarquée à travers le temps et la mobilisation. Tous les intervenants ont tenu à encourager les jeunes. Le chef de file des socialistes n’a pas échappé à ces compliments. « On ne parle plus des réunions de l’opposition ou d’opposition de salon grâce à vous les jeunes. Vous avez notre soutien, nous allons vous appuyer », a-t-il déclaré. Ousmane Tanor Dieng a, dans la foulée, souligné, que « les difficultés de la vie sont telles qu’on n’a plus besoin de le dire à quelqu’un. Par rapport aux promesses du président de la République, de son gouvernement, tout le monde sait que la parole de Wade ne vaut rien ». Selon lui, « il est temps de prendre des initiatives dans le cadre du Front « Siggil » Sénégal, si ce n’est pas le cas, le Ps le fera et assumera ses responsabilités. Nous avons la possibilité d’introduire une demande pour marcher et d’être dans la rue. Les paroles n’ont aucune importance. C’est désormais l’action, la volonté, la détermination comme l’a montré tous ceux qui ont pris la parole. On n’a pas peur de Wade ». Ousmane Tanor Dieng a indiqué que « la situation actuelle du pays découle d’une incompétence et d’une irresponsabilité ». Ce qui fait, selon lui, il faut un plan d’actions et de contestation. « Il faut de manière générale et constante des actions pour s’opposer à Wade ».

« La location d’un avion coûte entre 100 à 150 millions par jour »

Le secrétaire général du Ps s’est intéressé au voyage du chef de l’Etat et à l’avion de commandement « la Pointe de Sangomar ». Il a rappelé que c’est cet avion qui a amené l’équipe nationale à la Can et qui a été aussi, selon lui, utilisé pour le transport de certains chefs d’Etat lors du 11e sommet de l’Organisation de la conférence islamique (Oci). « Alors pourquoi Abdoulaye Wade ne peut plus voyager avec la « Pointe de Sangomar ? » Le leader des socialistes de révéler que « la location d’un avion coûte entre 100 et 150 millions de francs Cfa par jour ». Il est d’avis que « le président de la République devrait pouvoir épargner la population de ce genre de dépense ou tout au moins limiter ces voyages ».
Ousmane Tanor Dieng a, par ailleurs, souligné que « Abdoulaye Wade doit prendre des mesures urgentes et à court terme pour faire face à la crise en attendant les échéances qu’il a fixées pour l’autosuffisance en riz. Il y a des solutions mais, Wade ne veut pas les appliquer ». Selon lui, « il faut impérativement qu’une dynamique populaire exerce et accentue la pression sur lui ». C’est, selon lui, une responsabilité citoyenne. Il a, à cet effet, lancé un plaidoyer à l’endroit des citoyens pour les sensibiliser sur la nécessité de descendre dans la rue. « Les Sénégalais ne peuvent plus continuer à ne rien dire et à ne pas sortir quand il y a marche. Il faut que les citoyens assument leur responsabilité face à cette situation », a martelé le secrétaire général du Ps.

LA GOANA POUR RESOUDRE LA CRISE DE L’AGRICULTURE:Wade livre la terre


Me Abdoulaye Wade, président de la République a exposé hier, vendredi 18 avril sa « Grande offensive agricole pour la nourriture et l’abondance » (Goana). Le Conseil présidentiel sur l’Agriculture qu’il a convoqué hier au Méridien Président lui a servi de tribune. Selon lui, ce programme qui demande l’implication de toutes les forces vives du pays et qui sera mis en œuvre dès le prochain hivernage, a prévu deux millions de tonnes de maïs, trois millions de tonnes de manioc, 500 000 tonnes de riz et deux millions de tonnes pour les autres céréales comme le mil, le sorgho, le fonio, etc. Pour l’élevage, les objectifs à moyen terme portent, indique-t-il, sur une production de 400 millions de litres de lait et 435000 tonnes de viande. Pour la réussite du programme, il livre les terres « sans restriction à ceux qui peuvent les exploiter… »
Le président de la République, Me Abdoulaye Wade a lancé hier, vendredi 18 avril dernier un « Grand » programme pour contrecarrer la flambée des prix au niveau international. Avec la Grande offensive agricole pour la nourriture et l’abondance (Goana), le gouvernement compte assurer « à la satisfaction, dès le prochain hivernage et sa contre saison, tous nos besoins alimentaires et au-delà, remplir nos greniers ». Le chef de l’Etat en a fait l’annonce à l’occasion d’un Conseil présidentiel sur l’agriculture qui a réuni les membres du gouvernement, de l’administration territoriale, d’élus locaux, de directeurs de sociétés publiques, entre autres.
« Le Sénégal, à la lumière de notre récente expérience, a décidé de relever le défi et, non seulement d’écarter tout risque de disette ou de famine, mais même de produire pour l’abondance », a-t-il déclaré. Le président de la République a souligné qu’à travers ce programme, le Sénégal se fixe comme ambition de réaliser deux millions de tonnes de maïs, trois millions de tonnes de manioc, 500000 tonnes de riz et deux millions de tonnes pour les autres céréales tels que le mil, le sorgho, le fonio, entre autres. Pour ce qui est de l’élevage, les objectifs à moyen terme portent, selon lui, sur une production de 400 millions de tonnes de lait et de 43500 tonnes de viande.
Pour la réalisation de ces prévisions, le chef de l’Etat a instruit toutes les forces vives de la nation et demandé au gouvernement de prendre toutes les dispositions nécessaires. « Le gouvernement prendra toutes les dispositions pour mettre à la disposition des candidats producteurs, les paysans en tête, des semences de qualité à portée de main », a-t-il révélé. Et d’annoncer une batterie de mesures : « nous avons déjà importer de l’Inde des équipements, les directeurs et cadres de société sont invités à cultiver au moins 20 hectares et le plafond n’est pas limité. Deux bateaux d’urée sont en position d’approche sur nos côtes pour la fabrication des engrais. Nous demandons à nos partenaires de nous aider à obtenir les semences et les équipements complémentaires, soit par don soit par crédit ».
Le président Abdoulaye Wade a, en outre, rappelé que « les pluies artificielles ont été pratiquées avec succès et que le système expérimenté depuis trois ans est maintenant au point. Il nous manquait seulement les avions pour ensemencer les nuages et j’ai donné l’ordre de les acheter. Chacun équipé coûte 5 milliards de francs Cfa », a-t-il affirmé.
Le président de la République s’est, par ailleurs, adressé à tous les Sénégalais, hommes, femmes et jeunes, surtout aux étudiants, d’engager avec nous cette offensive pour vaincre la fatalité. Il a, aussi lancé une invite aux chefs religieux et coutumiers, aux chefs de villages, à nos paysans et pasteurs, aux Sénégalaises et Sénégalais de la diaspora, au secteur privé national comme étranger. L’appel d’Abdoulaye Wade ne laisse en rade aucune couche de la société Sénégalaise aussi bien les élus que les simples citoyens.
Le président de la République a, par ailleurs, réservé un message spécial aux membres de l’administration territoriale pour que le programme puisse être exécuté jusqu’aux confins du pays. « Votre mission, vous l’aurez déjà compris est, chacun dans son territoire, de veiller à ce que le plan soit exécuté intégralement et selon le chronogramme qui vous sera délivré. Vous allez montrer que, dans notre pays, l’administrateur n’est pas un rond de cuir mais un agent actif au cœur du développement. Vous êtes le pont avancé de la grande offensive. Je vous fais confiance. Je souhaite, en passant sur la route, ne plus voir des terres non défrichées, non exploitées ».
Abdoulaye Wade a demandé avec insistance aux gouverneurs, préfets et sous préfets de donner des terres sans restriction à ceux qui peuvent les exploiter. Pour assurer une réussite pleine de son programme, le chef de l’Etat a aussi annoncé qu’une commande de magasins de conservation des récoltes a été déjà passée en Espagne.

PRIS EN CHARGE DES « EMEUTES DE LA FAIM »:Wade tacle Jacques Diouf


Le président de la République, Me Abdoulaye Wade n’a pas raté le directeur général de l’organisation mondiale pour l’alimentation et l’agriculture (Fao), Jacques Diouf hier, vendredi 18 avril dernier au Méridien président à l’occasion de la présentation de son plan de sortie de crise dénommée : « la grande offensive agricole pour la nourriture et l’abondance « Goana ». « Je ne veux pas non plus que la Fao se transforme en permanence en main tendue de l’Afrique pour recevoir la pitance. Elle doit aussi cesser de prélever 20 % des aides qui passent entre ses mains et trouver ailleurs des ressources de fonctionnement », a déclaré le chef de l’Etat. Pour lui, « l’institution que dirige le Sénégalais, Jacques Diouf doit cesser d’être une administration de l’aide ».
Le président Abdoulaye Wade a estimé que « le sommet dit de la crise alimentaire convoqué à Rome ne devra pas être un de ces éternels tours de table où les médecins se penchent avec condescendance sur un malade en perpétuelle transfusion avec le sentiment que leur devoir ne va pas plus loin que le maintien de la vie ». Dans le même registre, le chef de l’Etat Sénégalais a traité de l’aide humanitaire d’une « vaste comédie internationale ». Selon lui, « les pays africains pourraient échapper au danger éventuel de famine s’ils étaient plus vigilants et mieux aidés ». Abdoulaye Wade de révéler : « je dis bien mieux : aidés, car l’aide à la survie est une aumône. Aussi ne voudrais-je pas qu’on lance, en notre nom, une campagne de collecte d’argent qui finira dans l’escarcelle de la nébuleuse des Ong, de certaines Ongs du moins ».
Et Me Wade de donner l’exemple du Niger pour faire savoir qu’en « 1994/1995, le Niger a été déclaré pays sinistré pour la famine. Sous ce prétexte, il a été collecté 98 millions de dollars. Le Niger a reçu moins de 3 millions de dollars et 8000 tonnes de céréales. Lorsque, dernièrement, le président Tandia dit qu’il n’y a pas de famine mais crise, on veut absolument lui faire dire qu’il y avait famine ».