jeudi 24 avril 2008

APRES LES CRITIQUES DE WADE CONTRE LA FAO: Cinglante réplique de Jacques Diouf à Wade


Le directeur général de la FAO n’a pas du tout apprécié les attaques de Me Wade contre son organisation. Lors du lancement de la Grande offensive agricole pour la nourriture et l’abondance (Goana), le chef de l’Etat sénégalais avait déclaré qu’il était inadmissible que la FAO prélève 20% sur l’aide alimentaire. Il avait aussi ajouté que la FAO ne devait pas se transformer en main tendue de l’Afrique pour recevoir de la pitance.
En conférence de presse ce matin à Paris, pour se prononcer sur la crise alimentaire qui secoue actuellement le monde, Jacques Diouf n’a pas manqué d’apporter un cinglant démenti à Me Wade. Dans la déclaration du directeur général de la FAO dont la radio Océan FM et Sud FM (radios emettant à Dakar) ont diffusé un extrait à midi, on peut noter ces précisions : "Premièrement, pour ce qui est de l’aide alimentaire ce n’est pas la Fao qui s’en occupe, mais le Programme alimentaire mondial. Deuxièmement pour le budget de la Fao, ce sont les Etats membres qui contribuent à hauteur de 960 millions de dollars. Naturellement pour les 20% je ne sais pas où est-ce qu’il (Ndlr, Wade) est allé chercher ce chiffre".
Selon Jacques Diouf, "ce n’est pas à s’attaquant à la FAO et aux Ong qu’on va régler les problèmes du Sénégal. Et c’est étonnant que de tous les 190 chefs d’Etat, il n’y a que lui qui ait tenu de tels propos".
Le directeur général de l’agence technique onusienne a rappelé, par ailleurs, que lorsque la Fao avait lancé un appel à l’aide internationale, elle avait d’abord contribué à hauteur de 17 millions de dollars sur ses ressources propres. L’organisation internationale n’avait pas demandé que l’aide passe par elle, mais c’était aux donateurs de choisir leurs canaux pour faire parvenir cette aide, a-t-il poursuivi.
En ce qui concerne le fonctionnement de la FAO, Jacques Diouf rappelle que ce sont les 190 pays membres et l’Union européenne qui définissent les règles.
M. Diouf n’a pas manqué d’évoquer les "véritables causes" de la crise alimentaire qui secoue le monde en général et particulièrement des pays pauvres et endettés comme le Sénégal. Il relève que seuls 7% des terres arables sont irriguées en Afrique. Le directeur général de la Fao regrette dans la même veine que des Etats comme le Sénégal n’aient "pas assez investi dans les routes rurales pour permettre que les produits agricoles aillent à l’intérieur des pays". Il n’y a pas non plus eu assez d’investissements pour "l’acquisition de moyens de stockages des produits agricoles", "pas de réflexions poussées sur les moyens de pénétrer les marchés dans le monde", "pas de politique de maîtrise de l’environnement économico-fiscal" et enfin une absence de coordination de toutes ces facettes du même problème, a énuméré Jacques Diouf.
Jacques Diouf a été ministre de la recherche scientifique au Sénégal sous la présidence de Abdou Diouf. Il a été également secrétaire général de la BCEAO durant 8 mois et directeur général de l’Agrao. Né au Sénégal, il a fait ses études en France, notamment à l’École nationale d’agriculture de Grignon-Paris.

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