mardi 22 avril 2008

LYCEE LAMINE GUEYE: Une crise d'hystérie collective s'empare de l'école


Le lycée Lamine Guèye de Dakar serait-il hanté ? Moins de soixante-douze heures après les premières transes qui avaient touché vendredi dernier quelque 90 élèves de l’établissement, une nouvelle vague d’hystérie collective a affecté hier, lundi 21 avril, une vingtaine de potaches. A l’émoi et à la stupéfaction se sont substituées à présent l’incompréhension et l’inquiétude des pensionnaires du vieil établissement d’enseignement secondaire.
Les crises d’hystérie collective enregistrées vendredi dernier au sein du lycée Lamine Guèye de Dakar ont repris de plus belle lundi matin. Moins de deux heures à peine après le début des cours, une vingtaine de jeunes filles poussant des cris comme des possédées sont tombées en transe, au grand émoi des responsables du vieil établissement complètement dépassées par la situation et ne sachant plus où donner de la tête. Ces nouvelles transes venaient se surajouter aux crises d’hystérie collective qui avaient déjà touché 90 élèves ( 88 filles et deux garçons ) du lycée en fin de semaine, occasionnant ainsi la fermeture provisoire de l’établissement pour 48 heures. Ces nouvelles atteintes, 21 au total et toutes de sexe féminin, présentaient les même symptômes que ceux du week-end dernier ( agitations hystériques, crises, syncopes et transes). Alertés, les sapeurs pompiers ont de nouveau rappliqué dans le lycée pour porter secours aux élèves en transes, tous pensionnaires du collège érigé dans l’enceinte même du lycée. Un lycée baigné dans une atmosphère de forte tension et dont la cour a été prise d’assaut par mal de parents d’élèves et de curieux accourus aux nouvelles. La salle des professeurs du lycée a été alors aménagée en centre d’accueil des jeunes filles victimes de transes pendant que celles qui présentaient des cas plus difficiles à prendre en charge ont été évacuées dans les hôpitaux de Fann et de Principal. Selon ainsi le colonel Diène Faye, commandant du sous-groupement n°1 du groupement national des sapeurs pompiers, « Douze (12) d’entre elles ont été admises à l’hôpital Principal de Dakar, une à l’hôpital de Fann et huit (08) traitées sur place et remises à leurs parents grâce à l’intervention des médecins dépêchés sur place dans le cadre du Plan blanc déclenché par les services de l’hôpital Principal ».
Un phénomène difficile à expliquer
Le phénomène d’hystérie collective qui a frappé à deux reprises les potaches du lycée Lamine Guèye semble jusqu’à ce jour échapper à toute explication rationnelle. Bien qu’une commission d’enquête soit déjà mise sur pied comme l’a affirmé le docteur Idrissa Bâ de la Direction de la santé mentale, les explications crédibles tardent pour rendre raison de ce phénomène dont l’ampleur commence à susciter l’inquiétude et la psychose chez les apprenants comme les membres d’encadrement pédagogique du lycée.
Cette absence d’explication rationnelle du phénomène de crise collective au lycée Lamine Guèye a fini d’ailleurs par conforter la thèse mystique de la dame Seynabou Gaye, exorciste de son état. Pour la traditionaliste, seul le recours à des sacrifices et à des rituels de purification peut permettre d’endiguer ce phénomène de transe collective au lycée Lamine Guèye. Il faut noter pour finir que l’établissement d’enseignement secondaire est fermé, par mesure de sécurité, jusqu’à nouvel ordre.
Un des plus vieux établissements de la capitale sénégalaise, le lycée Lamine Guèye a été construit en 1920 avec l’ouverture du cours secondaire de Dakar. Il est baptisé en 1936 lycée Van Vollenhoven, du nom d’un éphémère Gouverneur qui s’opposa au recrutement d’indigènes pour la première Guerre mondiale. L’établissement qui était fréquenté à sa création par les fils des blancs européens sera rebaptisé en 1985 ’’Lamine Guèye’’ (ancien président de l’Assemblée nationale) par le ministre de l’Education nationale de l’époque, Iba Der Thiam.
D’éminentes personnalités comme le premier Président Léopold Sédar Senghor, l’actuel Président de Mauritanie Sidi Ould Cheikh Abdellahi, l’écrivaine Mariama Bâ, des hommes politiques (Moustapha Niasse, Djibo Leïty Ka, Landing Savané, Mamadou Diop ‘’Decroix’’) ont fréquenté le lycée.
Un lycée dont la délocalisation annoncée par le régime libéral est à la source d’une véritable levée des boucliers. Des esprits malicieux sont même allés jusqu’à voir dans cette crise d’hystérie collective qui a frappé à deux reprises les élèves du lycée, une provocation « surnaturelle » d’intérêts nébuleux tapis dans l’ombre…

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