dimanche 20 avril 2008

COMITE CENTRALE DU PS SUR LA SITUATION NATIONALE: Les socialistes pour un combat de rue



Le Parti socialiste (Ps) est sur le pied de guerre. Le mot d’ordre issu de la réunion du comité central d’hier, jeudi 17 avril, a été très clair. « Il faut occuper la rue, en découdre avec Wade et le bouter hors du pouvoir ». Presque tous les responsables et militants qui ont pris la parole dans sont allés dans ce sens, tout en félicitant vivement les jeunes qui font, selon eux, paniquer le pouvoir.
Le secrétaire général du Ps, Ousmane Tanor Dieng n’avait d’autres choix que de s’inscrire dans la même logique. « Il faut impérativement qu’une dynamique populaire exerce et accentue la pression. Il faut que des initiatives soient prises dans le cadre du Front « Siggil » Sénégal, si ce n’est pas le cas, le Ps le fera et prendra ses responsabilités », a déclaré le leader des socialistes Sénégalais. Ousmane Tanor Dieng a, en outre, révélé que la location d’avion coûte entre 100 et 150 millions par jour et s’est demandé pourquoi le président de la République ne voyage plus à bord de l’avion de commandement « La Pointe de Sangomar ».
Il faut s’attendre à voir dans les prochains jours les socialistes sur le front pour faire face au régime libéral. Telle a semblé être la délibération de la réunion du comité central du Parti socialiste (Ps) qui s’est tenue hier, jeudi 17 avril, à la maison du Parti Léopold Sédar Senghor, sise à Colobane. Comme s’ils s’étaient donnés le mot, tous les responsables et militants du Ps qui ont pris la parole ont exhorté le parti à initier des actions, à engager un bras de fer avec le régime pour que des mesures urgentes et à court terme soient prises pour amortir la conjoncture, la crise sociale.
Après un exposé des experts (anciens ministres et anciens directeurs généraux) sur la situation économique du pays, de l’agriculture, les socialistes sont convaincus que des solutions urgentes sont possibles et qu’il faut pousser le pouvoir à les prendre. Sidy Lo de l’Union régionale de Thiès a été le premier a appuyé la proposition du chargé des élections du Ps, Khalifa Ababacar Sall. Pour lui, « il faut que le Ps donne le ton en tant que le principal parti de l’opposition en occupant le terrain. Il faut faire face à ce régime et à son dirigeant Abdoulaye Wade sinon il va nous enterrer ». Malick Konté a estimé que « les discours, propositions et argumentations doivent cesser.
Wade et son fils sont les plus grands criquets pèlerins du pays. Trêve de rhétorique ! ». Le responsable à la base du Ps a félicité Barthélemy Dias, Malick Seck et tous les autres jeunes socialistes avant d’inviter tout le monde à suivre leurs exemples en s’érigeant en défenseur des populations. Un jeune de l’Union régionale de Kaolack Pape Mbaye a fait savoir que « cette lutte « dem ba diek la (qu’il faut aller jusqu’au bout sans demi mesure) » Le pouvoir est anti-républicain, je vois pas pourquoi l’opposition devrait être républicaine ».
El Hadji Fall a dénoncé la spéculation en foncière en avertissant que « ce qui s’est passé en Casamance risque de se produire à Dakar si cette boulimie foncière ne s’arrête ». L’homonyme du maire de la ville de Dakar, Pape Diop a été l’un des plus acerbes. « Ce que Khalifa Ababacar Sall a dit suffit largement, il ne fallait même pas instaurer un débat parce que c’est le sentiment le mieux partagé ici. Ces théories ne serviront à rien, il faut suivre Barthélemy Dias et envahir la rue pour chasser Wade du pouvoir ».

Des actions coordonnées à l’échelle nationale

C’est une salve d’applaudissements qui a accompagné Malick Seck au présidium quand il s’est levé pour aller prendre la parole. C’est l’un des responsables des jeunes qui a été convoqué deux fois à la Division des investigations criminelles (Dic) lundi et mardi à propos de la marche et d’une arme qu’il aurait détenu légalement. L’assistance a loué son courage et sa détermination pour la marche et l’action de manière générale. « La peur est dans le camp adverse. Il faut maintenir la pression. Il ne faut pas qu’on se disperse dans nos objectifs. Il faut que le secrétaire général pose des actes dans le sens de la confrontation avec le régime. Nos actions doivent être de plus en plus dures », a martelé Malick Seck. Les femmes n’ont pas été en reste. Elles ont été aussi déterminées à soutenir les jeunes et à être à leur côté dans ce combat. A l’instar d’Aminata Mbengue Ndiaye son responsable, Mamy Gueye a soutenu que « les femmes sont prêtes pour toutes sortes de manifestation. Elles comptent se mettre en tête de peloton et à organiser aussi des concerts de casseroles ».
Les membres du comité central du Ps veulent, de prime abord, commencer par des campagnes de sensibilisation et surtout de la propagande pour créer un élan populaire autour de leurs diverses actions. Cela a ressorti dans l’intervention de bon nombre de militants. C’est le cas de Tidiane Sow qui a indiqué qu’à « la suite de toutes nos réflexions et propositions, il faut mettre en place des commissions de propagande et d’agitation dans toutes les unions régionales ». Les femmes ont beaucoup plaidé pour une coordination des actions. Elles ont été nombreuses à proposer que l’action qui a été organisée à Dakar soit faite dans toutes les localités, que les foyers de tension soient éparpillés à travers toutes les régions et localités.

« On n’a pas peur de Wade »

Ces déclarations des membres du comité central du Ps ont été rythmées par des applaudissements et des cris d’approbation. La détermination se lisait sur les visages et pouvait être remarquée à travers le temps et la mobilisation. Tous les intervenants ont tenu à encourager les jeunes. Le chef de file des socialistes n’a pas échappé à ces compliments. « On ne parle plus des réunions de l’opposition ou d’opposition de salon grâce à vous les jeunes. Vous avez notre soutien, nous allons vous appuyer », a-t-il déclaré. Ousmane Tanor Dieng a, dans la foulée, souligné, que « les difficultés de la vie sont telles qu’on n’a plus besoin de le dire à quelqu’un. Par rapport aux promesses du président de la République, de son gouvernement, tout le monde sait que la parole de Wade ne vaut rien ». Selon lui, « il est temps de prendre des initiatives dans le cadre du Front « Siggil » Sénégal, si ce n’est pas le cas, le Ps le fera et assumera ses responsabilités. Nous avons la possibilité d’introduire une demande pour marcher et d’être dans la rue. Les paroles n’ont aucune importance. C’est désormais l’action, la volonté, la détermination comme l’a montré tous ceux qui ont pris la parole. On n’a pas peur de Wade ». Ousmane Tanor Dieng a indiqué que « la situation actuelle du pays découle d’une incompétence et d’une irresponsabilité ». Ce qui fait, selon lui, il faut un plan d’actions et de contestation. « Il faut de manière générale et constante des actions pour s’opposer à Wade ».

« La location d’un avion coûte entre 100 à 150 millions par jour »

Le secrétaire général du Ps s’est intéressé au voyage du chef de l’Etat et à l’avion de commandement « la Pointe de Sangomar ». Il a rappelé que c’est cet avion qui a amené l’équipe nationale à la Can et qui a été aussi, selon lui, utilisé pour le transport de certains chefs d’Etat lors du 11e sommet de l’Organisation de la conférence islamique (Oci). « Alors pourquoi Abdoulaye Wade ne peut plus voyager avec la « Pointe de Sangomar ? » Le leader des socialistes de révéler que « la location d’un avion coûte entre 100 et 150 millions de francs Cfa par jour ». Il est d’avis que « le président de la République devrait pouvoir épargner la population de ce genre de dépense ou tout au moins limiter ces voyages ».
Ousmane Tanor Dieng a, par ailleurs, souligné que « Abdoulaye Wade doit prendre des mesures urgentes et à court terme pour faire face à la crise en attendant les échéances qu’il a fixées pour l’autosuffisance en riz. Il y a des solutions mais, Wade ne veut pas les appliquer ». Selon lui, « il faut impérativement qu’une dynamique populaire exerce et accentue la pression sur lui ». C’est, selon lui, une responsabilité citoyenne. Il a, à cet effet, lancé un plaidoyer à l’endroit des citoyens pour les sensibiliser sur la nécessité de descendre dans la rue. « Les Sénégalais ne peuvent plus continuer à ne rien dire et à ne pas sortir quand il y a marche. Il faut que les citoyens assument leur responsabilité face à cette situation », a martelé le secrétaire général du Ps.

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