jeudi 10 avril 2008

INFLATION: Jacques Diouf attristé par les ‘’émeutes de la faim’’


Le directeur général de la FAO a exprimé sa ‘’tristesse’’ face à la vague d’émeutes de la faim relevées dans plusieurs pays, notamment le Sénégal, suite à la hausse des prix des denrées de première nécessité.
Il s’agit d’une ‘’tristesse qui est d’autant plus forte que c’était la chronique d’une catastrophe annoncée’’, a-t-il déclaré lors d’un chat avec le journal Le Monde visité jeudi à l’Agence de presse sénégalaise.
Jacques Diouf indique avoir prédit ces émeutes dès octobre et lancé, en juin lors d’un séjour en Amérique Latine, en Afrique et en Asie, ‘’la proposition d’un sommet mondial sur la sécurité alimentaire devant les défis du changement climatique et des bioénergies’’.
‘’Ce sommet, qui se tiendra du 3 au 5 juin 2008, va être une réunion d’urgence, avec les émeutes qu’on a vues en Asie, en Mauritanie, au Sénégal, en Guinée, au Burkina Faso, au Cameroun, au Maroc, en Egypte, en Haïti, etc’’, a-t-il expliqué.
‘’Il faut attaquer le problème de la rareté des denrées alimentaires par rapport à la demande, et prendre des mesures pour augmenter la production dans les pays déficitaires, surtout les pays en développement’’, préconise Jacques Diouf.
M. Diouf soutient avoir, dès décembre 2007, lancé l’initiative contre la hausse des prix des produits alimentaires en mettant, sur les ressources de la FAO, 17 millions de dollars à un fonds qui devrait atteindre 1,7 milliard de dollars’’.
Ces fonds devraient permettre aux agriculteurs, notamment les plus pauvres, d’avoir accès à des semences dont les prix ont augmenté de 36 à 72 %, à des engrais dont les prix ont augmenté de 59 %, et à des aliments du bétail dont les prix ont augmenté de 62 %, a-t-il dit.
Au-delà de cette action, ‘’il faut naturellement investir davantage dans l’agriculture, notamment dans les infrastructures rurales’’, estime M. Diouf.
Le patron de la FAO espère que ‘’les chefs d’Etat et de gouvernement du monde adopteront les politiques, les stratégies et les programmes nécessaires pour relever ces défis’’.
‘’Nous n’avons que douze semaines de consommation mondiale en stock, et il y a de fortes demandes, comme vous le savez, dans les pays asiatiques, au moment où les plus grands exportateurs sont en train de bloquer la sortie de leur riz pour satisfaire leur demande intérieure’’, a signalé Jacques Diouf.
Expliquant le phénomène de la hausse des prix, M. Diouf avance des ‘’facteurs objectifs’’ comme la forte demande de pays comme la Chine, l’Inde, affectant ainsi les stocks mondiaux, les changements climatiques et les inondations, l’augmentation du prix des hydrocarbures etc.
A cela s’ajoute également la ‘’spéculation, avec les hedge funds qui se sont portés sur les marchés à terme de Chicago, et on a vu en une journée des augmentations de 31 % des prix, qui naturellement n’avaient rien à voir avec la réalité de la demande et des stocks’’, selon Jacques Diouf.
‘’ Pour le moment’’ l’Afrique et le Moyen-Orient sont les régions les plus touchés, souligne Jacques Diouf qui fait états ‘’des inquiétudes sérieuses pour l’Asie, avec le riz en particulier’’.
APS

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